l’expression d’un ensemble de toutes les perfections. Elle
nous salua à la manière orientale, nous présenta la main,
et après être restée quelques instants, elle demanda la
permission de se retirer. Nous apprîmes qu’elle était recherchée
en mariage par un riche négociant de Saman-
houd, mais qu’elle paraissait assez disposée à repousser
ses avances.
Il y avait quatre danseuses, et elles valaient celles que
nous avions vues au Caire. Sans sortir des bornes de la
décence,elles se livrèrent à diverses pantomimes dont nous
ne comprennions pas bien la signification. Vers une heure,
on nous fit passer dans un salon où une table était couverte
de ce qu’on appelait des rafraîchissants. Je dois
déclarer que nous n’en avions guère besoin, tellement
nous étions transis de froid ; l’air était chargé d’humidité,
et nous avions été mouillés pendant presque toute la
journée. Ces rafraîchissants consistaient en deux espèces
de soupes faites avec de l’eau froide dans laquelle on avait
fait tremper des amandes mondées et des pommes coupées
en tranches, en des oranges, des pommes, des dattes,
des pistaches, etc. Il y avait aussi une grande variété de
pâtisseries excellentes, et je puis ajouter qu’il serait difficile
d’en trouver ici des meilleures. Je le répète, nous
n’avions guère besoin d’une semblable, collation, cependant
nous ne pûmes nous dispenser de nous mettre à
table. Pour comble de désagrément, notre bon hôte nous
nomma les membres de sa famille, voulut connaître les
nôtres, et afin de leur porter des toasts, fit apporter plusieurs
espèce? de vins, entre autres du Champagne. Nous
n’étions pas du tout disposés à sortir de nos habitudes de
tempérance ; nous ûous bornâmes donc à vider un verre
à la santé de tous les parents de M. Salamé, en le priant
d en faire de même avec nous. Il était trois heures lorsque
nous quittâmes notre excellent vice-consul, pour aller
prendre quelques instants de repos.
Le 26, a six heures et demie du matin, nous remontâmes
le fleuve.
A une heure, nous étions à Mansourah. Son Altesse
Royale voulut y passer le restant de la journée, afin de
visiter ces lieux qui avaient été arrosés du sang de tant
de héros chrétiens. Nous parcourûmes la vaste plaine
située au nord de la ville. Ce fut là que se livrèrent ces
combats acharnés où l’armée des Croisés, après des prodiges
de valeur, se fit tailler en pièces, et où le comte
d’Artois fut la victime de son aveugle témérité qui lui fit
repousser les sages conseils de tous ses généraux. On montre
la place où s’élevait un arbre contre lequel il s’est adossé
pour se défendre et vendre chèrement sa vie.
Nous assistâmes, sur cette même plaine, à une fantasia
exécutée par M^M. de Lesseps, Zizinia et d’Oultremont.
Ils opérèrent des prodiges d’une agilité réellement étonnante.
Les deux premiers surtout, paraissaient être, en ce
moment,, des véritables Arabes du désert. Pendant que
leurs chevaux étaient lancés à fond de train, ils jetaient