au moyen de blocs de grès superposés en cinq assises.
C’èst ce colosse du Nord que lés Grecs connaissaient sous
le nom de statue vocale de Memnon, parce que, chaque
jour, au lever du soleil, elle faisait entendre, disait-on,
des sons harmonieux. Le bas de cette statue est couvert
d’inscriptions grecques et latines attestant la réalité du
phénomène. Le phénomène de pierres sonores n’est pas
rare en Egypte ; il a encore été constaté dans les appartements
de granit du sanctuaire du grand temple de
Karnak, par, les membres de la Commission scientifique
de 1798. (i)
{!) Jollois etDevilliers constatèrent dans cette partie du palais, ce phénomène
étrange qu’ils décrivirent et expliquèrent comme suit: « C’est
dans les appartements de granit que nous avons entendu se renouveler le
phénomène si célèbre dans l’antiquité, des sons rendus par des pierres au
lever de l’aurore. Il nous est plusieurs fois arrivé, lorsque nous étions
occupés à mesurer les monuments et à dessiner les bas-reliefs dont les
parois des murs sont couvertes, d’er.tendre à la même heure, après le lever
du soleil, un léger craquement sonore qui se répétait plusieurs fois. Ce
son nous a paru partir des.pierres énormes qui couvrent les appartements
de granit, et dont quelques-unes menacent de s’écrouler. Ce phénomène
provient, sans doute, du changement de température presque subit, qui
se fait au lever du soleil. Quelque forte que soit, en effet, la chaleur que
l’on éprouve en Egypte pendant le jour, les nuits sont toujours fraîches.
La chaleur se faisant sentir, tout à coup à la surface extérieure des pierres
qui en est aussitôt frappée, ne se répartit pas également dans le reste de la
masse, et le craquement pareil au son d’une corde vibrante, que nous
avons entendu, pourrait bien n’être que le résultat du rétablissement de
l’équilibre. II ne faut pas perdre de vue que c’est du sein d’un monument
en ruine, où les pierres brisées sont renversées les unes sur les autres,
que part le son que nous avons entendu, circonstance qui est sans doute
favorable à son émission. »
Ce te citation est extraite de l'Histoire de l’expédition française en Egypte,
Les Arabes désignent ces colosses sous le nom de
Sanamât, ’ les idoles, et les distinguent par ceux de
Cliâma pour celle du sud, de Tam'a pour celle du nord.
Planche 111.
Ces deux colosses sont les premiers d’une avenue de
statues dont on voit encore les débris et les piédestaux.
Outre les fellah qui habitent les hypogées de Kournah
et auxquels on a donné le nom de Troglodytes, beaucoup
ont leurs huttes dans les environs des ruines où ils fortome
7, chapitre VIII. Les rédacteurs de ce grand ouvrage, n’ajoutent pas
une foi entière à l’existence de ce phénomène et lui donneraient une autre
explication. « A l’appui dë ce qu’ils citent, disent-ils, Jollois et Devilliers
invoquent le témoignage d’autres membres de la Commission, qui ont
comme eux entendu le son des pierres ; maisÆuelle que soit 1 autorité des
noms do Costaz, Redouté, Coutêlle, Lepère et Delille, nous persistons à
douter que ce-bruit, s’il n’est pas une illusion d’acoustique, provienne de
l’action du soleil sur la pierre. Nous comprenons l’effet de la brise au
premier jour, d’une brise qui ne trouvant point d issue, aurait produit
dans ces petites pièces, le ronflement que l’air détermine dans les coquillages
marins. Ce résultat a sa loi physique, évidente, indéniable ; le
reste est probablement une observation moderne rajustée sur une fable
ancienne. »
Ils font suivre ces réflexions de la note suivante signée des initiales J. J.M.
« Cette fable est celle du colosse de Memnon que toute l’antiquité atteste
avoir rendu des sons harmonieux au lever du soleil. Nos savants modernes,
n’osant tout à fait révoquer en doute une authenticité constatée par des
témoins auriculaires, dont les certificats sont solennellement inscrits par
eux-mêmes sur la statue prétendue sonore, ont successivement cherché h
expliquer le phénomène par quelques effets physiques et en établissant
des hypothèses diversement erronées. Toute explication devient inutile
depuis que M. Hamillon a fait fouiller sous la base même du colosse, et
\ y a découvert une loge mystérieuse capable de contenir un homme qui
s’y plaçant avec un sistre, produirait le son harmonieux entendu, par les
dévots visiteurs. Ce son était donc dû, mon h un effet physique, mais à une
jonglerie sacerdotale. »