
iis eussent par là accrédité cette supposition
, je ne pus jamais me conformer
avec l’opinion de ceux - c i , et rejettai
constamment au rang des fables ridicules
l’existance d’un être, qui, dans l’état d’indépendance
ou de sauvage, auroit été produit
par le concours de deux espèces
•différentes; sur tout, que cette production
_se seroit trouvée abondante en individus
semblables. Un fait de cette nature méritait
bien qu’on prît la peine de l’approfondir
; car , -s’il eut été avéré, ta
contradiction avec l’ordre que nous voyons
partout régner dans la nature étoît manifeste,
il alloit même jusqu’à porter atteinte
à la règle constante de sa marche
dans la reproduction des espèces. La
seule nécessité peut engager les animaux
d’espèces différentes à vaincre cette répugnance
innée, que la sage providence à
mise dans l’acte d’une alliance illégitime, ce
n’est que contraint par le .plus pressant
besoin, et seulement dans l’état de dépens-
dance ou de domesticité, que la nature
perd ses droits.
Sans vouloir nous autoriser à tirer au*
cune conséquence des loix qui gouvernent
la nature, pour combattre l’opinion accréditée
des naturalistes, contentons nous
d’examiner le peu, de vraisemblance que
mérite leur supposition. En effet, par
quel singulier penchant le grand tétras se
trouveroit-il entraîné en recherchant l’alliance
du petit tétras ; puisque, dans les
provinces du nord de la Russie, de la
Suède , et de la Laponie, seules parties
de l’Europe ou le Rakkeîhan vit en grandi
nombre, les forêts sont également peuplées
de l’espèce du grand, comme de celle du
petit tétras ; conséquemment , nul besoin
provenant de impossibilité de trouver à
s’unir à la femelle de son espèce, ne
peut exciter ces deux oiseaux à contracter
une alliance illégitime: cet écart de
la nature seroit moins sujet à exciter
l’étonnement en supposant, que dans une
contrée où l’une ou l’autre de ces espèces
se trouveroit réduite à un très petit nombre
d’individus, la nécessité de satisfaire à
l’acte de la reproduction, eut pu contrain