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 espece,  et  à  qui  une  étroite  captivité  
 ne  laisse  aucune  communication  avec  leurs  
 semblables.  Ou  a  1  vu  de  j runes  Cailles  
 élevées  dans  des  cages,  presque  depuis' 
 leur  naissance,  et  qui  ne  pouvoient  ni  
 connoître  ni  regretter  la  liberté *  é prouver  
 régulièrement  deux  fois  par  an,:  pendant 
 quatre  années,  une  inquiétude  et  des  agitations  
 singulières  dans  le  tems  ordinaire  
 -de  la  passe;  savoir,  au  mois  d’avril  et  
 au  mois  de  septembre.  Cette  inquiétude  
 duroit  environ  trente.jours  à  chaque  fois,  
 et  recommençoit  tous  les  jours  une  heure  
 avant  le  coucher  du  soleil.  On  voyoit  
 ai ors  ccs  Cailles  prisonnières  aller  et  venir  
 d’un  bout  de  la  enge  à  l’autre,  puis  s’élancer  
 contre  le  filet  qui  lui  serroit  de  
 couvercle,  et  souvent  avec  une  telie  violence  
 qu’ elles  retomboient  tout  étourdies;  
 la  nuit  se  passait,  presque  entièrement  dans  
 ces  agitations,  et  le  ju r   suivant  elles  pa-  
 ro;ssoient  tristes,  abattues,  fatiguées,  et  endormies. 
   On  a  remarqué  que  les  Cailles,  
 qui  vivent  en  liberté,  dorment  aussi  une 
 grande  partie ■  de  la  journée;  et  si  1  on  
 ajoute  à  tous  Ces  faits,  qu’il  es.t  très  rare  
 de  les  voir  arriver  de  jour  ,  on  sera,  ce  
 me  semble,  fondé  à  conclure  que  c’est 
 pendant  la  nuit  qu’ elles  voyagent  (u ),  et  
 que  ce  désir  de  voyager  est  inné  Chez 
 eiies;  soit  qu’elles  craignent  les  températures  
 excessives,  puÿ qu’elles  se  rapprochent  constamment  
 des  contrées  Septentrionales  pendant  
 l’été  et  des  méridionales  pendant  l’hyver ;  
 o u ,  ce  qui  semble plus  vraisemblable,  qu’elles  
 n’abandonnent  successivement  les  dif-  
 férens  pays  que  pour  passer  de  ceux,  ou  
 les  récoltés  sont  déjà  faites,  dans  Ceux  oii  
 elles  sont  encore  à  faire,  et  qu’ elles  ne  
 changent  ainsi  de  demeure,  que  pour  trouver  
 toujours  une  nourriture  convenable  pouf  
 elles  et  pour  leur  couvée.  Je  dis  que 
 (a")  Les  Cailles  prennent  leur  volée  plutôt  de  
 nuit  que  de  jour.  Selon,  Natur.  des  Ois.  p.  26$.  
 Et  haec^semper  noctu,  dit  Pline,  en  parlant  des  
 volées  de  Cailles.  C’ est  aussi  dans  le  crépuscule  
 dm  matin  ou  du  soir  et  dans  les  nuits  celai-*  
 fées  par  la  lune,  que  la  plupart  des  oiseaug  
 de  passage  entreprennent  leu,s  voyages» 
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