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13,6 REPTILES BATRACIEJÎS.
3" le séjour dans l'estomac et le mélange de la matière
alimentaire avec la bile , le suc jiancréatique ; puis son
trajet dans le reste du tube intestinal, élaboration pendant
laquelle les humeurs ou les sucs nutritifs par excellence
sont, en dernière analyse , absorbés et mêlés
avec le sang; îp" enfin la défécation ou l'expulsion du
résidu des aliments : tel est Tordre de l'examen auquel
nous allons procéder.
Tous les Batraciens , sous leur dernière forme, se
nourrissent uniquement de substances animales ; il
parait même que tous ne recherchent que des êtres
vivants et qui peuvent se mouvoir (1). Cependant
comme l'ouverture de leur bouche est toujours limitée
par la courbure et la longueur des mâchoires, qui sont
en général faibles et peu développées , et qu'en outre les
dents, lorsqu'elles existent, ne sont jamais conformée?
de manière à pouvoir diviser la proie, mais seulement à
la retenir , il en résulte que toutes les espèces, sans exception,
sont obligées de saisir les petits animaux et (Jje
les avaler tout entiers sans pouvoir les partager. Leur
mâchoire inférieure privée d'apophyses saillantes destjinées
à recevoir les muscles propres à la mastication, est
souvent articulée très en arrière , ou du moins à peu
près au niveau du grand trou occipital. Il s'ensuit que
la bouche est très-fendue ; et son ouverture est d'une
si grande capacité que l'on voit de très-gros individus
parmi les Grenouilles , les Rainettes , les Crapauds
et les Pipas qui peuvent avaler tout d'un coup
de très-petits mammifères , comme des Musaraignes,
(i) En parlant de la Grenouille rousse, Roësel dit : Prcedam vix
venatur eamdem potius proestolans, nec ullum unquam devorabit i««
sectum mota destitutum. Hist. Ranar., pag. i6.
NUTRITION. DIGESTION. 19,7
des Taupes, des Souris ou de petits oiseaux; mais la
plupart recherchent principalement les mollusques, les
larves et les insectes , les petits crustacés , les annelides.
C'est surtout le cas de la plupart des Urodèles,
qui ont l'ouverture de la bouche tellement rétréci e
qu'ils sont obligés de choisir leurs proies parmi celles
dont l'étendue en travers se trouve, pour ainsi dire ,
calibrée ou correspondante au diamètre intérieur de
leur arrière-gorge , à moins que le corps mou et peu
résistant de la victime, ne puisse être comprimé et assez
allongé pour pouvoir passer , en se rétrécissant, par
cette sorte de filière. Cependant ces animaux, et surtout
parmi eux , les Tritons sont tellement voraces,
que si la faim les presse ils avalent même des individus
de leur propre espèce. Nous en avons été témoins
plusieurs fois ; dans une de ces circonstances en particulier
, entendant assez de mouvement dans un bocal
où nous conservions quelques-uns de ces Tritons
pour les observer, nous avons été surpris d'y trouver
un animal dont on n'apercevait que [deux queues et
six pattes. Nous retirâmes avec peine l'individu qui
avait été à moitié englouti. Son ventre semblait avoir
été passé à la filière. Il continua cependant de vivre
ainsi pendant plusieurs jours.
Quant à la manière dont la proie est saisie, elle
varie suivant que la langue elle-même est susceptible
d'être projetée en dehors, à peu près comme celle du
Caméléon, par une sorte d'expmtion dépendante probablement
de l'expulsion rapide de l'air contenue dans
les poumons, qui, en même temps que la bouche s'ouvre
, chasse en avant la partie postérieure et échancrée
de la langue, laquelle est libre de toute adhérence en
l-îiti