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4 8 0 BATRACIENS ANOURES.
chez les autres , elles sont piquetées , tachetées ou vermiculées de
noir. Dans les sujets vivants, ces teintes sont plus claires , et assez
souvent les flancs, les régions voisines des épaules et le dessus des
cuisses sont semés de petits points rouges. Roësel compare les
taches sinueuses ou confluentes du dessus du corps à une carte
géographique coloriée, où l'on verrait des fleuves et des îles, dont
les rives seraient un peu plus claires. L'ergot est jaunâtre ou
biaxn, mais jamais noir comme celui de l'espèce suivante.
DIMENSIONS. La grosseur de cette espèce est à peu près celle de
la Grenouille verte; mais, ainsi que nous l'avons dit plus haut,
le corps est plus ramassé et les pattes postérieures sont proportionnellement
plus courtes. Les mesures suivantes sont celles
d'un sujet de notre collection , lequel très-probablement n'était
pas encore parvenu à la taille qu'il aurait dû avoir.
Tête. Long. 2". Tronc. Long. 4". Memb. aniér. Long. 3" 6"'.
Memb. poster. Long. 7" 6"'.
PATRIE ET MOEURS. On trouve le Pélobates brun en Allemagne
et en France ; il est assez commun aux environs de Paris , dans
des mares situées sur la rive droite du canal , entre Pantin et
Bondy. Cette espèce semble n'habiter que les parties du nord ou
voisines du nord, tandis que sa congénère, le Pélobates cultripède
, ne paraît vivre que dans le midi ; car, d'après les observations
que nous avons recueillies et celles que nous aA^ons faites
nous-mêmes, nous pouvons assurer qu'on ne rencontre le Pélobates
cultripède, ni aux environs de Paris ni en Alsace, où le
Pélobates brun existe, et qu'au contraire la Provence produit
celui-là et jamais celui-ci.
Le mâle du Pélobates brun fait entendre un coassement qui a
quelque rapport avec celui de la Grenouille et de la Rainette,
quoiqu'il n'ait pas comme celles-ci de vessies vocales. La femelle
forme une sorte de grognement; mais si on lui pince la cuisse ,
ainsi qu'au mâle, ils produisent une espèce de miaulement semblable
à celui d'un petit chat, et en même temps ils laissent exhaler
une forte odeur d'ail. Cette odeur s'exhale avec d'autant plus de
force que l'animal est plus inquiété ou agité ; non-seulement elle
affecte l'odorat, mais elle agit même sur les yeux, comme celle
qui provient de la racine du raifort ou des oignons qu'on coupe ;
quelquefois elle semble être mêlée à celle de la poudre à canon
ou du gaz acide sulfhydrique. Roësel, de qui nous empruntons
ces détails, n'a pu reconnaître de quelle partie du corps provient
PHANÉROGLOSSES RANIFORMES. G. PÉLOBATES. I. 4^1
cette odeur ; mais il pense, et nous sommes portés à le croire ,
qu'elle est éjaculée par l'anus.
C'est aux mois de mars et d'avi'il qu'il faut rechercher le Pélobates
brun : à cette époque on trouve le mâle et la femelle accouplés
à la surface de l'eau ; car, pour mieux soutenir leur corps
émergé, ils font entrer une grande quantité d'air dans leurs poumons.
Cependant on ne voit le plus ordinairement sortir que leur
tête hors de l'eau, et quand ils craignent le danger, ils s'enfoncent
dans la vase qu'ils ont soin de troubler , de sorte qu'il est
diiRcile de se les procurer.
Voici quelques autres détails qui nous sont encore fournis par
l'habile observateur que nous venons de citer.
Le mâle saisit la femelle au défaut des lombes en avant des
cuisses, et il la tient ainsi jusqu'au moment où elle doit pondre,
ayant alors les membres postérieurs étendus. Mais au moment où
il sent les oeufs près de sortir du cloaque, son corps se contracte
et les reins se plient; il s'agite alors comme les chiens qui cherchent
à s'accoupler , et le plus souvent la femelle s'enfonce dans l'eau
et entraîne le mâle avec elle. Celui-là éjaculela semence, puis il
tire les oeufs à la longueur d'un pouce, et répète ce manège vingt
à vingt-quatre fois en tirant les oeufs d'un pouce chaque fois
environ. Ces masses d'oeufs forment de longs cordons de matière
gluante, remplie de grains noirs semblables à un long boyau. Ce
frai s'attache aux roseaux et autres plantes aquatiques et ne va
pas tout à fait au fond de l'eau.
Voici les observations faites par le même naturaliste touchant
l'évolution de ces germes.
Au 12 avril, les oeufs avaient été pondus; le i5, les grains
noirs avaient pris l'apparence pyriforme ; le 16 , ils paraissaient
partagés en deux portions arrondies où l'on ne pouvait distinguer
ni tête ni queue, et il n'y avait pas de mouvement ; le 17 , on distinguait
la tête du ventre, et même comme deux petits yeux et
une sorte de queue, et l'on voyait s'opérer des mouvements brusques;
le 18 , les têtards sortaient de la matière gluante et s'agitaient,
ils semblaient se rapprocher pour vivre en société ; le 21 ou
le 2 2 , leur queue se garnissait d'une petite membrane qui servait
à produire de légers mouvements , à cette époque on voyait des
branchies ou franges d'un brun jaunâtre qu'on aurait pu prendre
pour des pattes antérieures , mais ces appendices ne persistèrent
pas longtemps; le 3o, les têtards paraissaient être renfermés dans
REPTILES, VIII. 3l
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