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III
REPTILES BATRACIENS.
let, ou iiés entre eux par une matière gluante, et c'est
alors qu'il les féconde , en les arrosant de son humeur
spermatique qu'il lance ou qu'il darde par jets successifs
et saccadés.
Chez les espèces qui conservent la queue pendant
toute la durée de la vie, celles qui composent le sousordre
des Urodèles , et qui, pour la plupart, restent
assez constamment habitants des eaux, le mâle se place
en général dans le voisinage de la femelle , lorsq u'elle
paraît prête à pondre. A cette époque des amours la
nature décore l'un et l'autre sexe de quelques ornements
particuliers. Leurs couleurs sont plus vives,
distribuées d'une manière toute spéciale ; leurs nuances
sont plus tranchées, ou insensiblement et trèsagréablement
dégradées. Des crêtes , des sortes de crinières
membraneuses à bords dentelés, festonnés , se
développent sur la ligne médiane du cou , du dos et de
la queue. Le mâle les agite avec grâce et coquetterie ; ses
pattes prennent souvent d'autres formes; mais ce sont
surtout les parties extérieures de la génération qui
éprouvent, chez l'un et l'autre sexe, un développement
et une coloration toute particulière. Le mâle prend une
activité insoKte, il poursuit sa femelle, il l'excite par
diverses manoeuvres agaçantes ; il en épie les moindres
mouvements , et dès qu'il s^aperçoit qu'un oeuf sort ou
qu'il est prêt à sortir du cloaque, il s'en approche vivement
, il lance dans l'eau du voisinage la liqueur
prolifique à laquelle lehquide sert de véhicule, comme
l'air se charge de transmettre à distance sur les pistils
le pollen que renfermaient les anthères des végétaux.
Chez la plupart de ces espèces , en effet, à cette époque
des amours physiques oHigées, les organes extérieurs
de la génération, à peu près semblables pour la forme
ORGANES DE LA REPRODUCTION. ig t
dans les deux sexes , se gonflent, se colorent diversement
, et prennent un développement extraordinaire ,
ainsi que nous venons de le dire et que nous aurons
occasion de l'exposer avec plus de détails par la suite.
On sait que, dès la plus haute antiquité la simple
observation avait fait connaître quelques-unes des singularités
que présentent plusieurs espèces de Batraciens
dans leur mode de propagation. Cependant les
formes bizarres que prend successivement leur progéniture
n'avaient été aperçues qu'au dehors; leur
structure intérieure n'avait pas été examinée , et réellement
les anomalies de moeurs et d^abitudes ne pouvaient
être expliquées ; aussi donnèrent-elles lieu à
beaucoup de préjugés qui subsistent encore aujourd'hui
dans le peuple. Les recherches de l'anatomie
comparée, dirigées en particuHer sur les organes générateurs
et sur leurs produits ; l'étude approfondie
des métamorphoses qui s'opèrent sous nos yeux dans
les différentes races de cet ordre d'animaux , ont nonseulement
donné l'explication de ces faits extrordinaires
; mais la science , en détruisant beaucoup d'erreurs
et de fausses idées, a tiré de ces circonstances
mêmes, des notions utiles, des inductions importantes
qui ont jeté une assez vive lumière et éclairé quelques
points encore fort obscurs de cette partie de la physiologie.
Avant de faire connaître les particularités anormales
de ce mode de propagation , généralement si extraordinaire
dans les Batraciens, et pour faire mieux apprécier
encore l'importance de cette étude particulière dans la
science de l'économie animale, nous croyons nécessaire
de faire précéder nos récits de la simple description des
organes générateurs mâles et femelles dans quelques
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