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mal hideux se trouve dans les eaux marécageuses , et que les
esclaves nègres en mangent la chair.
En 1710, le célèbre anatomiste hollandais Fred. Ruiscii
donna de ce Reptile deux meilleures figures dans la description
de son cabinet. ( Thesaurus animalium, Amsterdam,
in-4'', tab. iv, pag. 19 et 40.) On y voit en effet deux individus
femelles conservés dans la liqueur. L'auteur déclare qu'il
les. a préparés lui-même, de manière à faire voir que, sous la
peau du dos dont les lambeaux, disséqués avec soin, sont réfléchis
en dehors , il n'existe aucune comimmication entre
la cavité du ventre et les téguments, ni avec les cellules dans
lesquelles on distingue les petits Pipas ayant leurs pattes
bien développées et pas de queue, comme en ont ordinairement
les Têtards. On retrouve la copie de ces mêmes figures
dans l'Amphithéâtre zootomique de VALEINTINI , première
partie, page 208, pl. 42. Mais comme cet ouvrage petit
in-f a été publié en 1720 , l'auteur a pu y insérer l'extrait
d'une observation imprimée en 1715 dans les Ephémérides
des curieux de la nature, centurie iv, n" 172 , page 393, publiée
par Rosinus LENTILIUS, archiâti-e du duché de ^Vurtemberg,
à Stuttgard, sous le titre curieux de Rana ex dorso
pariens.
VALLISNFERI , dans son histoire du Caméléon , publiée en
Italie et adressée à l'académie des sciences de Bologne , en
1715, avait cru reconnaître dans un Pipa, qui cependant
portait des petits dans des cellules dorsales, que ce n'était
pas une femelle, mais bien un mâle , d'après les recherches
qu'il avait faites sur sa structure. Dans cette hypothèse, il
fait des conjectures à ce sujet, et, se fondant sur les remarques
de Ruisch dont malheureusement il ne connaissait
pas les figures, il adopta l'idée que c'était la femelle qui pondait
les oeufs sur le dos du mâle, et au lieu de donner les
dessins de l'anatomiste qu'il cite, il a fait copier celui de
mademoiselle de Mérian , qui est détestable.
En 1726, Levinus YIXCENT publia, à Harlem, un petit
volume in-4" en latin, avec figure, sous le titre de Descrip-
PIIRYNAGLOSSES TLF^FORMES. <I. PIPA. 77 1
tio Pipoe j mais il ne fait que répéter ce qui avait été dit
avant lui, seulement il indique un caractère propre à fair
reconnaître les sexes des individus, les mâles portant une
ligne noire sur la région moyenne du ventre.
SÉBA a fait représenter, en 1734, sur la double planche
n° 77 de son grand ouvrage sur la collection Thesaurus animalium,
tome I , quatre Pipas de grandeur naturelle , avec
beaucoup de jeunes hors des cellules et d'autres qui y sont
encore contenus. Il y a joint une description faite à sa manière
, c'est-à-dire ne répétant que ce qui s'observait à la
simple vue des objets conservés dans la liqueur. Cependant
ces figures sont exactes et ont été copiées dans le plus grand
nombre des ouvrages.
Les observations réelles n'ont été faites sur le vivant et
dans les lieux mêmes qu'en 1762, par le docteur Philippe
FERMÍN qui exerçait la médecine à Surinam, et qui a publié
à Mastreicht une petite brochure in-8«, intitulée Développement
parfait du mystère de la génération du fameux Crapaud
de Surinam. Il a été témoin de la ponte de la femelle,
qui était plus grosse que le mâle. Il a vu celui-ci placer les
oeufs pondus sur le dos de sa femelle et les féconder. Il donne
des détails bien circonstanciés sur cette opération : il a suivi
le développement des germes et il s'est assuré que les petits
sortent de l'oeuf quand tous leurs membres sont capables de
leur servir, ce qui n'arrive que quatre-vingt-deux jours
après que les oeufs ont été pondus. La plupart de ces faits
comme nous le dirons par la suite, ont l ié vérifiés par l'examen
d'un assez grand nombre d'individus rapportés en Europe.
Nicolas LAUREIMI, recueillant les observations indiquées
ci-dessus, introduisit dans son Synopsis reptilium, imprimé
à Vienne en Autriche en 1768, un genre particulier sous le
nom de Pipa, et il le caractérisa assez nettement. Cependant
on voit aujourd'hui qu'il a conunis quelques erreurs : ainsi
xl met en doute les métamorphoses qu'il ne croit pas être
les mêmes que celles des autres Anoures, puisque les petits
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