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2 2 4 REPTILES BATRACIENS.
jusqu'à supposer que c'étaient les gouttes cleau ellesmêmes
qui se transformaieiU en Grenouilles.
Il est singulier de trouver de nos jours un pareil
préjugé établi parmi les hommes, d'ailleurs fort instruits^
et qui affirment avoir vu. Nous-mêmes avons
plusieurs fois essayé en vain de le combattre ou de l'infirmer
par des notions acquises et des faits exacts, résultats
d'un grand nombre d'observations faites par les
naturalistes les plus habiles, les plus consciencieux.
Nous n'avons presque jamais pu réussir. Comment en
eiiet convaincre, par des négations et des raisonnements
des personnes qui affirment avoir vu ?
Nous sommes donc obligés d'insister: voilà pourquoi
nous allons relater, dans cette discussion, les autorités
des auteurs d'abord, et ensuite les réflexions
que nous avons été dans le cas d'émettre dans les
comptes rendus de l'AcadémJe des sciences (1).
Il y a plus de 200 ans que Rédi (â), en parlant des pluies
de Crapauds, auxquelles il était loin d'ajouter foi, avait
dit positivement i « Théophraste d'Érèse ( 322 ans avant
J.-C.), successeur d'Aristote, sous le règne du premier
Ptolémée, roid'Égypte, a fait mention de ce fait, comme
on peut le voir dans un fragment de ce Théophraste
copié dans la bibliothèque de Photius, sur les animaux
qui apparaissent, subitemejjt ». Ces petites Grenouilles
ne tombent pas , dit-il, avec la pluie , comme
beaucoup le pensent ; mais elles paraissent seulement
( 0 Académie des sciences d e Par i s , séance d u 20 o c t o b r e 1834.
(2) Esperienze intorno alla generazion de.«l' inseUi.
(3) Dipi Tov cidpooi (petívt/fAívov Çceov. E n voici la t raduct ion:
^/ia apparent post pluvias , ut Cochleoe et pcuvoe Ranoe.
Non enim pluvia decidunt , ut noiinuUi putant, sed tune prodeunt ;
Cum antea in terra fuerint, quod aqua in eoriun foramina injluat.
REPRODUGTIOX. PLUIES DE CRAPAUDS. A2 §
alors, parce qu'étant précédemment enfouies dans h
terre, il a iàllu que l'eau se fît un chemin pour arrÎTéidans
leurs trous.
Voici d'autres détails bien plus importants et circonstanciés
, que nous allons traduire librement du
grand ouvrage de Roësel, dans son premier mémoire
sur la Grenouille rousse (1) : « On h t , dans les auteurs
anciens , qu'il y a eu des pluies de Grenouilles ; et aussi
qu'au moment même où de grosses gouttes d'eau soiit
tombées sur la poussière, il en est provenu des Grénouilles.
On trouve encore aujourd'hui beaucoup d'auteurs
qui ont adopté cette opinion. Comme il m'est
arrivé à moi-même, qu'étant à me promener dans la
campagne, et qu'un orage arrivant tout à coup^ je
me hâtais d'arriver dans un bois du voisinage pout
m^e mettre à l'abri sous un hêtre , je sentis quelque
chose qui tombait sur ma tête , et qu'en même temps
je m'aperçus que le terrain était, autour de moi,
couvert de petites Grenouilles, je pensai à l'instant
meme que ces animaux étaient tombés avec la pluie
Pour m'assurer si réellement ces Grenouilles étaient
tombées sur ma tête, j'examinai mon chapeau, et ie
reconnus que le petit choc que j'avais ressenti provenait
d un bout de branche séchée qui y était restée. Le sd^
leil ayaf t reparu et m'étant remis en marche, j'aperçiià
un très-grand nombre de ces petites Grenouilles, q^i .
pour se soustraire à l'ardeur du soleil, ne tardèrent
pas à disparaître complètement. Je ne pouvais coiïce^
voir comment un si grand nombre d'animaux avait pli
paraître et disparaître si subitement. Je m'assurai hât
mes recherches, que tous s'étaient mis à l'abri ¡om M
(i) Roësel , Uistoria Ranaruin riostratium, pag. Í3.
REPTILES, VIN. ,5