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qui , par ses impressions en creux , dont le nombre
et la forme varient , représentent très-exactement la
saillie des écailles sur laquelle cette surpeau était pour
ainsi dire moulée et étalée comme une couche d'égale
épaisseur. La même disposition se retrouve dans les
Sauriens , mais comme le plus souvent elle se déchire,
on n'en voit que des lambeaux ou des fragments
plus ou moins considérables, que l'animal prend
même le soin d'arracher en s'aidant des mâchoires et
des ongles. Cette mue, analogue à celle qu'éprouvent
les Chenilles et les autres larves d'Insectes aux différentes
époques de leur développement, paraît ici dépendre
de quelques circonstances atmosphériques,
et surtout de la sécheresse et de l'humidité, ainsi que
nous avons eu occasion d'en faire l'expérience. Chez
les Batraciens cette surpeau est toujours muqueuse et
elle paraît ne pouvoir se détacher qu'autant que l'animal
est plongé dansTeau. C'est une sorte de dépouille
qui se renouvelle plusieurs fois chez certaines espèces,
suivant que l'animal a été plus ou moins longtemps
immergé dans une eau très - pure ou altérée, ou
qu'il a été exposé à l'air, et alors ses couleurs, de
ternes qu'elles étaient, prennent une teinte plus vive
et beaucoup plus brillante. Cet épiderme, mou et
gluant, forme un tout continu qui commence à se détacher
du dessus du crâne et de la peau de la gorge,
eu se soulevant et en laissant un espace qui s'oedématie
ou se rempUt de liquide. Cette peau fine quitte
le bord du pourtour des mâchoires, bientôt elle se
renverse en arrière et se retourne de telle manière que
dans les espèces sans queue et à quatre membres , les
pattes postérieures paraissent traîner pendant quelque
temps après elles cette sorte d'enveloppe ou de simu-
ORGANES DES SENS. TOUCHER uj
lacre de leur corps qui flotte dans Teau , et qui le suit
dans tous ses mouvements, mais dans un sens opposé.
Cette circonstance à la vérité ne peut être observée
que rarement et quand on tient les animaux isolés
pour connaître leurs habitudes; car dans l'état de liberté,
eux-mêmes ou les individus de leur race dévorent
avec une sorte d'avidité cette membrane muqueuse.
Il en est de même des Urodèles, avec cette
différence que c'est à l'extrémité de la queue que cette
membrane retournée, comme un doigt de gant, se trouve
retenue ; souvent on peut l'étaler d'ans l'eau et la faire
adhérer sur une feuille de papier, à la manière des
plantes marines, qu'on prépare ainsi pour les développer
et les conserver dans les collections. Nous avons
soin de montrer ces sortes de silhouettes qui servent
à nos démonstrations pubhques. C'est une particularité
que nous avons déjà fait connaître dans les généralités
qui sont à la tête de cet ouvrage (tom. I, p. 72).
Quelques auteurs ont même représenté ainsi une grenouille
en mue, dont la dépouille n'est pas encore
complète, et reste attachée aux pattes postérieures.
Cet épiderme est doué d'une propriété d'endosmose
bien remarquable, et c'est ainsi, comme nous le
verrons par la suite, que les Batraciens résistent
d'une part à la chaleur qui fait évaporer l'eau que
l'animal laisse exhaler, et que de l'autre, au moyen
de l'absorption, il récupère rapidement l'humidité
dont il a été privé par la soustraction qui s'est opérée
à sa surface.
2° La couche muqueuse ou pigmentum est remarquable
par les couleurs infiniment variées, distribuées,
soit d'une manière générale, soit par teintes, affectée^
aux différentes régions de la peau. Ces couleurs même