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 3o4  BATRACIENS  ANOURES  EN  GENERAL.  
 Notice  historique  sur  les  découvertes  faites  dans  les  
 sciences  d'observation  par  l'étude  de  l'organisation  
 des  Grenouilles.  
 « Les  animaux  de  l'ordre des Grenouilles,  en raison  
 de leur  organisation  très-particulière  ,  ont  fourni  hux  
 personnes  qui  se livrent  à l'étude  des  sciences  d'observation  
 ,  les  circonstances  les  plus  favorables  pour  interroger  
 la nature dans un grand nombre  de  recherches  
 importantes.  Les  singularités  que  présente  la  structure  
 de  ces  Reptiles  ont  produit  de  merveilleuses  découvertes, 
   qui  ont  jeté  le  plus  grand  jour  sur  plusieurs  
 parties  de  la  physique,  delà  chimie  et  surtout  
 de  la  physiologie.  C'est  ce  que  nous  essaierons  de  
 prouver  par  cette  notice,  dans  laquelle  nous  nous  
 proposons  de  rassembler  les  faits principaux  et  surtout  
 de  revendiquer,  en  faveur  de  Svsrammerdam,  
 quelques  observations  que  ce  célèbre  anatomiste  avait  
 faites  le premier,  sur  la  forme  des  globules  du  sang  
 examinés  au  microscope,  et  surtout  sur  l'action  dite  
 galvanique  , exercée  sur  les muscles  par  deux  métaux  
 diííérents  mis  en  contact,  fiu  moment  où  l'un  d'eux  
 vient  à toucher  un  nerf.  
 »  D'abord  ,  sous  le  rapport  de l'économie  animale  ,  
 nous  rappellerons  que  ces  Batraciens  ont  offert  aux  
 physiologistes  des  expérimentations  naturelles,  opérées  
 constamment  de  la même  manière  ,  sur  un  trèsgrand  
 nombre d'individus ; que  ces recherches  peuvent  
 être répétées  chaque jour  et  sous nos  yeux,  sans  transition  
 rapide ,  sans  souffirances ,  sans  danger  pour  la  
 vie  de  l'animal,  sans  effusion  de  sang;  et  que  leurs  
 résultats,  à jamais  positifs et  permanents  , ne  peuvent  
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 par  conséquent  être  contestés  raisonnablement.  On  
 est  même  forcé  d'avouer  aujourd'hui  que  les  investigations  
 les  plus  hardies  de  la  science  auraient  inutilement  
 tenté  de  résoudre  ces  problèmes  physiologiques  
 que  la  simple  observation  a  si  complètement  
 démontrés ;  car,  comme  l'a  dit  Buifon ,  s'il  n'existait  
 pas  d'animaux,  la  nature  de  l'homme  serait  encore  
 plus  incompréhensible.  
 »  Par  ces  démonstrations,  on  peut  apprendre  comment  
 un  être,  sans cesser  de rester  le  même ,  en  continuant  
 de  vivre  et d'agir  , peut  subir  successivement,  
 mais peu  à peu,  diverses  transformations , de  manière  
 à  présenter  une  série  de phénomènes  produits  par  des  
 organes  qui  se  substituent  lentement  les  uns  aux  autres  
 , et comment  les fonctions de cet animal  s'altèrent,  
 se modifient,  s'oblitèrent  et  se remplacent,  suivant les  
 besoins  ou  les  nécessités  de  sa  nouvelle  existence.  
 » Ainsi  un  animal actif,  vivant d'abord  et  respirant  
 uniquement  dans l'eau  , où il nage avec rapidité  et  par  
 le même mécanisme  que  le  poisson  dont  il  avait  reçu  
 primitivement  les  formes  et  la  structure,  se  trouve  
 insensiblement  métamorphosé  en  quadrupède  agile,  
 qui  doit respirer  dans  une  atmosphère  gazeuse.  Forcé  
 par  cette  circonstance  même  d'abandonner  son  premier  
 genre  de vie,  il va  changer  tout  à  fait ses moeurs  
 et  la  nature  de  son  alimentation.  
 »  Alors,  si  le  terrain  lui offre un  point  d'appui  résistant, 
   il  mettra  en  action  l'admirable  assemblage  
 des  leviers  osseux  et  des muscles  de  ses membres  pos - 
 térieurs ,  qui  ont  remplacé  sa  longue  échine  modelée  
 et  organisée  en  nageoire  verticale.  Il  emploiera  toute  
 sa puissance motrice  pour  quitter  subitement  le  plan  
 qui le supportait,  et,  s'élanrant  dans  l'espace , il  fran- 
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