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KEPTILES BATRACIXNS.
Séance du 20 octobre. A l'appui de la communication
faite dans la dernière séance, M. PELTIER écrit pour
citer un fait dont il a été témoin dans sa jeunesse. Un
orage s'avançait sur la petite ville de Ham, département
de la Somme , qu'il habitait alors. Il en observait
la marche menaçante, lorsque tout à coup la pluie
tomba par torrents. Il vit alors la place 'de la ville
couverte de petits Crapauds ; étonné de leur apparition,
il tendit la main et reçut le choc de plusieurs
de ces animaux. La cour de la maison en était également
remplie. Il les voyait tomber sur un toit d'ardoises
et rebondir de là sur le pavé. Tous s'enfuirent
par les ruisseaux, et furent entraînés hors de la ville.
Une demi-heure après , la place en était débarrassée ,
sauf quelques traînards qui paraissaient avoir été
froissés dans leur chute.
M . PELTIER ajoute : Quelle que soit la difficulté d'expliquer
le transport de ces Reptiles, je n'en dois pas
moins affirmer le fait qui a laissé des traces profondes
dans ma mémoire , par la surprise qu'il me causa.
M. Aragofait remarquer que l'auteur de cette observation
est trop connu par ses travaux scientifiques
pour qu'on puisse craindre qu'il ait observé légèrement
les circonstances du fait qu'il rapporte.
Dans la même séance , M. Duméril fait une semblable
communication qui lui a été adressée par une
dame qui a désiré n'être pas nommée, mais dont le
père a laissé un nom cher aux sciences dont il fut un
protecteur éclairé. En septembre 1804, dit cette dame,
je chassais avec mon mari dans le parc du château
d'Oignois (près de Senlis) que nous habitions. Il était
environ midi lorsque le tonnerre gronda fortement,
et tout à coup le jour fuit obscurci par un énorme
'If!
REPRODUCTION. PLUIES DE CRAPAUDS. 22 9
nuage noir. Nous nous acheminâmes de suite vers le
château dont nous étions encore assez éloignés. Un
coup de tonnerre d'une force extraordinaire rompit le
nuage qui versa sur nous un torrent de Crapauds
mêlés d'un peu de pluie. Cette pluie me parut durer
bien longtemps , cependant en y réfléchissant depuis ,
je suis à peu près certaine qu'elle a continué au moins
un quart d'heure.
Séance du 28 octobre. M. HUARD écrit : Au mois de
juin 1833 , j'étais à Jouy , et je me rendais à l'église
accompagné d'un parrain , d'une marraine et d'une
nourrice ; un orage nous surprit, et je vis tomber du
ciel des Crapauds, j'en reçus sur mon parapluie. Le
sol était couvert d'une quantité prodigieuse de Crapauds
fort petits qui sautillaient, et je les vis ainsi sur
un espace de plus de 200 toises et pendant environ
dix minutes. Les gouttes d'éau qui tombaient en même
temps n'étaient guère plus grosses que les Crapauds.
M. GAYET, employé au ministère du commerce, écrit
que dans l'été de l'année 1794, faisant partie d'un peloton
de cent cinquante hommes, cantonné dans le village
de Lalain, département du Nord, il tomba tout à coup,
vers les trois heures de l'après-midi, une pluie si abondante
, que les hommes avec lesquels il était, pour ne
pas être submergés , furent obligés de sortir d'un
grand creux dans lequel ils s'étaient abrités. Mais
quelle fut leur surprise lorsqu'ils virent tomber sur
le terrain d'alentour un nombre considérable de Crapauds
delà grosseur d'une noisette. M. Gayet ne pouvant
croire qu'ils tombassent avec la pluie , étendit à
hauteur d'homme son mouchoir, dont il fit maintenir
les bouts opposés par un de ses camarades. Il en
reçut en peu de temps un nombre assez considérable ,