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1 9 ^ REPTILES BATRACIENS.
la matière prolifique surabondante , dans les femelles
comme dans les mâles. Chez les premières , en effet,
on s'est assuré que les ovules se détachent les uns
après les autres de la grappe ou de la masse de l'ovaire.
Chacun de ces oeufs est comme humé par le pavillon
de la trompe qui se voit à l'extrémité libre de l'oviducte,
dans lequel il se trouve ainsi introduit. Arrivé là,
cet oeuf et ceux qui le suivent s'avancent dans la portion
de canal, dont les parois sont plus épaisses et garnies
de cryptes muqueux qui recouvrent chacun d'eux
d'une matière glaireuse condensée. Continuant d'avancer
dans ce canal, ces oeufs parviennent dans la portion
élargie en forme de sac, où ils s'accumulent. C'est
le plus ordinairement dans cet état de parturition commencée,
que la femelle reçoit et semble attirer les approches
du mâle qui la recherche aussi avec une
grande ardeur , comme entraîné par l'instinct effréné
de la reproduction.
C'est presque toujours dans l'eau, pour la plupart
des espèces , que s'opère l'acte de la propagation. Le
mâle est excité par la femelle qui souvent coasse sous le
liquide, ou en ayant le corps immergé. Lui-même l'appelle
en produisant des sons érotiques particuliers, et
en préludant à cette grande oeuvre , comme nous l'avons
dit, par des épithalames variés. Puis il monte sur
le dos de la femelle ; il la saisit fortement à l'aide de ses
pattes antérieures qu'il croise sous son ventre, en l'embrassant
avec une telle ardeur, que la pression qu'il y
exerce à l'aide de ses mains et de ses avant-bras , quelquefois
pendant plus de vingt jours consécutifs , détermine
une sorte d'usure , d'excoriations , dont les plaies
sont quelque temps à se cicatriser ; d'autant plus que
dans certaines espèces, comme la Grenouille rousse ou
0nGA5ES DE LA REPKODUCTION, 1
temporaire, les mâles éprouvent, à cette époque de l'accouplement,
un gonflement du pouce et de quelques
autres parties du membre antérieur, qui augmentent de
volume et se couvrent de tubercules, de callosités rugueuses
dont la teinte est différente de celle du reste
de la peau.
Il est probable que le détachement des oeufs renfermés
dans l'ovaire continue de s'opérer, et même
avec plus d'activité pendant que le mâle chevauche sa
femelle, qu'il semble comprimer et aider de tous ses
membres , afin qu'elle puisse plus aisément se débarrasser
de ses oeufs, qui sortent certainement des oviductes
avant d'avoir été fécondés , et dans l'ordre suivant
lequel ils y ont été introduits. De sorte que la
ponte est une évacuation lente et successive des oeufs
qui sortent des trompes pour arriver dans le cloaque
par les deux orifices que nous avons indiqués , et ils finissent
par être poussés au dehors de l'anus, qui livre
ainsi passage tout à la fois aux urines , aux oeufs, et
au résidu des aliments.
Au fur et à mesure que les oeufs sortent ainsi du
corps de la femelle , on voit qu'ils sont liés entre eux
et réunis par une sorte de glaire, tantôt comme une
masse informe agglomérée ; tantôt sous l'apparence
d'un chapelet ou cordon gélatineux de plusieurs pieds
de longueur , suivant les espèces , et dans lesquels les
grains ou les germes diversement colorés sont disposés
d'une manière symétrique et plus ou moins régulière.
Le nombre des oeufs est immense ; Roësel a pu en compter
plus de six cents, et Swammerdamm en a trouvé
plus de onze cents dans les ovaires (1). Spallanzani a
(l) Biblia nat. , pag. 8o5. Atiquandò centum supra mille ovula in
unica Rana numeravi et hcec quidem omnia per duas illas nngustat,
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