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»
R E P m E S BATRACIENS.
nouilles blanches ayant ];i main couverte d'un gant, à
cause de l'idée généralement répétée par ces nègres,
que l'humeur gluante était un véritable poison. Cependant
cette matière visc[ueuse était inodore, épaisse,
et je voulus m'assurer qu'elle n'était pas vénéneuse
en la touchant à nu.
« Le soir suivant, j'entrai dans ce grenier, je le trouvai
rempli de ces Grenouilles criardes ; il me parut comme
éclairé par un feu folletjaunâtre {quasi igne flavescente
fatuo illustrabatur), et j'ai pu depuis observer plusieurs
"fois le même phénomène. Je me suis assuré que
cet eifet provenait de la manière dont ces Reptiles produisent
leurs cris. L'intérieur de leur gueule est jaune
et l'orifice en est très-grand ; en émettant leurs sons
ils ouvrent et ferment la gueule, et c'est ainsi qu'ils
semblent vomir du feu (1). »
Après quelques autres détails, Rolander donne la
description suivante de cette Grenouille, qui d'après la
figure qu'il cite est très-certainement une Rainette.
Voici le texte même de l'auteur :
« Mana crepitans quae Rana typhonia (Linnoei systema
naturse), Séba, tome I, page 114 , tab. LXXI
(fig. 3, et 1), dicitur.
» Magnitudine Ranae aquaticée est; supra fusca,
subtus flava ; puncta elevata , convexa , iniequalia ,
per corpus sparsa conspiciuntur. Eadem hiec puncta
instructa sunt emisariis e quibus excernere soient humorem
illum lacteum, quo totum corpus abducit, ut
quse modo fusca erat, intra momentum albidissima
appareat. Palmas tetradactylse fissai ; plantai pentadac-
(1) Cujus rictus amplus flavo micat y ut ilium inter crepitandum
alternis claudendo et aperiendo, quasi ignem Jlavum vomere videantur.
ORGANES DE LA REPRODUCTION. 22 3
tylse subpalmatse. Digitorum apices rotundati, planiusculi.
Indis americanis cibo sunt. »
JYous verrons par la suite que les auteurs n'ont pas
reconnu cette espèce, quoique plusieurs aient cité la
planche de Séba.
5° Des prétendues pl uies de Crapauds et de
Grenouilles.
Les journaux et la correspondance des sociétés savantes
ont fait de temps en temps mention de pluies de
Grenouilles et de Crapauds. Presque toutes les années,
en effet, vers la fin du mois d'août, il n'est pas rare,
après de grande sécheresses, s'il survient des pluies
d'orages, d'apercevoir tout à coup sur la terre , dans
certaines localités , une énorme quantité de petites
Grenouilles ou de Crapauds, qui sautillent ou couvrent
des espaces considérables. Il ne manque pas alors
d'hommes crédules qui affirment, avec des circonstances
très-dé taillées, qu'ils ont eux-mêmes vu tomber ces
petits animaux , non seulement sur les feuilles des arbres,
sur les toits, sur leurs vêtements et même sur
leurs coiffures.
Les plus instruits avouent qu'ils savent bien que ces
Grenouilles ne sont pas nées dans l'air, mais ils supposent
qu'elles ont été enlevées, emportées des bords de
certains marécages par une trombe météorique, par
une colonne d'air ou d'eau élevée dans l'atmosphère à
une grande hauteur ; et qu'ainsi transportées de fort
loin, à peu près comme les Sauterelles, ces myriades de
petits Batraciens ont été abandonnées à elles-mêmes ,
et que, soumises à leur propre poids , elles sont tombées
sur la terre avec la pluie. Même avant qu'on connût
bien les métamorphoses de ces animaux, on allait î