KEPriLES BAÏKACIEINS.
dont plusieurs étaient encore à letat de têtards.
M , DUPAIÎCQUE écrit : L'un des derniers dimanches
d'août 1804, après plusieurs semaines de sécheresse
et de chaleur , à la suite d'une matinée étouffante, un
orage éclata vers trois heures après midi, sur le villai^e
de Frémard, à quatre lieues d'Amiens. Je me trouvais
alors , dit l'auteur de la lettre , avec le curé de la paroisse.
En traversant le clos peu étendu qui sépare
l'église du presbytère , nous fûmes inondés ; mais ce
qui me surprit , ce fut de recevoir sur ma figure et
sur mes vêtements de petites Grenouilles. Il pleut des
Crapauds, me dit le vénérable curé , qui remarqua
mon étonnement ; mais ce n'est pas la première fois
que je vois cela. Un grand nombre de ces petits animaux
sautaient sur le sol. En arrivant au presbytère,
nous trouvâmes le plancher d'une des chambres qui
était tout couvert d'eau , la fenêtre du côté d'où venait
l'orage étant restée ouverte. Le sol était pavé de briques
étroitement sellées entre elles , ainsi ces animaux
n'avaient pu sortir de dessous terre. L'appui delà croisée
était élevé de deux pieds et demi environ au-dessus
du sol, ainsi ils n'avaient pu pénétrer du dehors en
sautant ; d'ailleurs la chambre était séparée de la pièce
d'entrée par une grande salle à manger, ayant deux
croisées ouvertes,'mais dans une direction telle que la
pluie n'avait pu y penétrer. Aussi, n'y trouvait-on ni
eau, ni Grenouilles. Je dis Grenouilles, car à la couleur
verte du dos, à la blancheur du ventre, et à l'allonf^ement
du train de derrière , il était aisé de les reconnaître.
M. Duparcque expose ensuite ses idées sur les causes
de ce phénomène ; il partage l'opinion, déjà émise plus
d'une fois avant lui > que ces animaux ont été enlevés
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JSEPRODUCÏIOJV. PLUIES DE CUAPAUDS. 231
par un tourbillon de vent, à la surface du sol, peut-être
avec une portion de l'eau du marais, et M. ARAGO fait
remarquer à cette occasion, qu'en eiïet, l'eau peut être
transportée à Fétat liquide par le vent, à de très-grandes
distances : ainsi il a appris de M. Dalton qu'on avait
recueilli en Angleterre , dans un pluviomètre situé à
sept lieues de la côte , de véritable eau de mer qui y
avait été transportée par le vent.
D'autres relations analogues ont été communiquées
à l'Académie par M. ZICHEL , sur une observation faite
près de Burgos, en Espagne, dans l'été de 1808 ; par
M. BERTHIER, près d'A vallon , département de l'Yonne,
au mois d'avril 1 8 3 0 ; par M. PONTUS, professeur à
Cahors. (Sa lettre est consignée à la page 57 du
tome VI, 2® série des Annales des sciences naturelles
1836. )
Comme nous l'avons déjà dit, nous avons fait sur
le cas rapporté par M. Marmier, un rapport à l'Académie,
dont nous croyons devoir présenter un extrait,
afin d'appeler sur ce sujet des observations positives
qui pourront corroborer ou infirmer les opinions émises
jusqu'ici.
Séance du 20 octobre 1834. M. Duméril fait un
rapport sur la communication de M. le colonel Marmier.
Les naturalistes savent que cette apparition subite
de petites Grenouilles à la surface de la terre et dans
les lieux où ils ne semblent pas exister auparavant, ade
tout temps éveillé l'attention et la curiosité des peuples,
qui supposaient ces animaux tombés du ciel. On
trouve en eilet des traces de cette croyance dans Aristote,
dans quelques passages d'Athénée et d'^Elien,
chez les modernes dans Gesner (1), dans plusieurs
( i ) Foyez les citations faites plus haut. Arislote, d'apiés Gesiier
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