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non- seulement les peuples, que ïes Portugais
avoient soumis , mais encore ceux chez lesquels
ils n’alloient que pour trafiquer. C ’est dans cet état
de choses que les autres Européens parurent dans
l’Inde hardis, entreprenant et courageux, ces
nouveaux venus réussirent facilement, malgré les
efforts et les précautions des, Portugais , à les dépouiller
des vastes possessions qu’ils s’étoient acquises
avec tant de peines, et parvinrent en même
temps à partager avec eux et même k leur enlever
à. la fin le. commerce immense que ceux-ci se
croyoient en droit de faire seuls.
Je n’entrerai pas ici dans le détail cfes différens
établissemens formés par les Européens dans les
Indes , ce seroit m’écarter de mon sujet ; je me
bornerai k parier de leurs relations commerciales
avec la Chine.
Les Portugais furent les premiers qui fréquentèrent
les ports de cet empire. En 1517, Lopez
Suarez, vice-roi de Gôa, fit partir huit vaisseaux
sous le commandement d’Andrada, et expédia en
même temps un ambassadeur nommé Thomas
Pereira. Arrivés k l’entrée de Ja,rivière de Quan-
ton , deux des vaisseaux obtinrent la permission
de monter jusqu’k cette ville avec Pereira , dont la
probité et le caractère doux et civil captivèrent
bientôt les Chinois, et les engagèrent même k conclure
un traité de commerce avec les Portugais.
En partant pour Peking, Pereira fit publier que
^i quelqu’un avoit k se plaindre , il pouvoit venir
en demander satisfaction. Ce procédé, entièrement
nouveau pour les Chinois, leur plut extrêmement ;
mais les capitaines des navires démentirent bientôt
cette conduite généreuse : loin de l’imiter, iis maltraitèrent
les habitans, descendirent des canons à
terre et se permirent mille excès.. Le vice-roi de
.Quanton, irrité contre eux , équipa k la hâte une
flotte pour aller détruire les vaisseaux des Portugais
; mais ceux-ci ^profitant d’une tempête , se
retirèrent et se rendirent k Malaca, abandonnant
l’ambassadeur Pereira entre les mains des Chinois
, qui , .indignés des violences de ses compatriotes
, F,en rendirent responsable , et le jetèrent
dans une prison , o ù , après trois ans de détention ,
il périt de misère , victime de fautes qu’il n’avqit
pu empêcher.
Le temps qui affaiblit tout, et qui détruit même
jusqu’k la mauvaise opinion qu’on a prise d’abord
de quelqu’un, fit* oublier peu k peu aux Chinois
la conduite irrégulière des Portugais, et- les porta
k leur permettre de nouveau de venir trafiquer
dans l’île de Sancian, et d’y dresser des tentes pour
le temps qu’on chargeroitles navires. Cette manière
de commercer étoit fort gênante, lorsqu’une occasion
inattendue rétablit les affaires des Portugais ,
et leur procura un solide établissement k la Chine.