Quanton , ii fit une grande méprise en ne voulant
pas traiter d’abord avec le Ho-tchong-tang,
Ce premier ministre , plus puissant que Kien-
long lui-même, fut piqué de cette conduite du
lord ; et lorsque celui-ci voulut revenir sur ses pas,
il n’étoit plus temps : d’ailleurs ; l’arrivée de l’ancien
Tsong-tou de Quanton fit changer rapidement
les affaires de face, et mit fin aux espérances
de l’ambassadeur. En effet, parler des établisse-
mens de la compagnie dans l’Inde, représenter les
Anglois comme ayant des projets sur la Chine, et
comme ayant donné des secours dans la guerre du
Thibet ( a ) , c’étoit éveiller adroitement la jalousie
de l’empereur : en failoit-il davantage au vice-roi
pour lui inspirer des craintes et faire fermer pour
toujours les portes de l’empire k des étrangers
dont lui-même avoit k redouter les plaintes ! Aussi
M. Macartney, obligé de ménager en même temps
le caractère inquiet et méfiant des Chinois, l’orgueil
et la fierté du premier ministre, ne put réussir,
quoiqu’il fût capable, plus que tout autre, de bien
terminer une affaire. Les insinuations du Tsong-
tou , et des raisons qu’il est de mon devoir de
passer sous silence, suffirent pour le faire échouer,
et le forcèrent de quitter promptement Géhol sans
avoir pu obtenir une seule de ses demandes :
ces demandes d’ajlleurs si exagérées qu’il est étonnant
qu’on les ait faites-, étoient un établissement
vis-k-vis de Ning - p o , le commerce exclusif, un
résident k Peking, un comptoir k Quanton, liberté
de voyager sans frais de Quantoh k Macao,
enfin l’établissement de la religion chrétienne. On
sent bien que les Anglois n’auroient pas beaucoup
insisté sur cette dernière proposition , et qu’elle
n’étoit qu’accessoire et faite pour flatter les missionnaires
dont ils avoient besoin. Quoi qu il en
soit,' elle vient k l’appui de ce que j’ai avancé plus
haut en parlant des missions et de l’avantage- qu’il
y a de les conserver.
Les Anglois objecteront sans doute qu’ils n’ont
rien demandé*i et que le but de l’ambassade n’étoit
que de voiFîaChine ; je pourrois prouver le contraire
, mais on croira sans peine qu’une nation
dont toutes les vues sont tournées du côté du commerce,
avoit un motif plus important. Les Anglois
ne font pas de démarches inutiles, et la vue seule
de l’empire Chinois ne pouvoit les satisfaire ; le
passage suivant le démontre. « L’empereur, dit
3> Anderson, refusa de faire un traité avec les An-
dî glois, et ne voulut pas accorder de préférence
» pour le commerce. 35
Après son retour k Peking, le lord Macartney
se rendit au palais le 3 et le 6 octobre : il reçut le 7
l’ordre de partir le 9 ; et malgré ses représentations,
TOME III. L