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soixante-sept mille neuf cent quatre-vingt-treize ,
et en y ajoutant les sujets exempts de contribution
, que le P. Amiot estime être de sept millions
soixante-dix-huit mille cinq cents, on aura alors
une population moyenne de cent vingt-neuf millions
cinq cent quarante - six mille quatre cent
quatre-vingt-treize. Si Fon compare la Chine avec
la France, uniquement sous le rapport de leur
surface , la première étant presque six fois aussi
grande que Fautre, et la population de cette dernière
étant, en 1789 , de vingt-cinq millions, celle
de la Chine sera de près de cent cinquante millions
; mais si Fon a égard à la quantité de terres
cultivables dans les deux empires , et que Fon
mette en rapport la population avec l’agriculture *
on n’aura plus pour la Chine que cent trente-sept
millions d’individus : ainsi, pour peu qu’on ajoute
quelque chose , on parviendra au terme de cent
cinquante millions, adopté par plusieurs auteurs ,
terme déjà assez fort et qu’il est impossible d’élever
au-delà sans admettre des hypothèses invraisemblables
ou des ressources surnaturelles. En effet,
avant de donner une immense population à la
Chine , il auroit fallu examiner si elle étoit possible
d’après la quantité des terres cultivées : cettê
quantité s’élevoit en x 745 à cinq cent quarante-cinq
millions d’arpens, et même on en peut admettre
actuellement six cents millions , parce qu’on doit
croire qu’elles se sont améliorées. Si Fon accorde
donc à la Chine une,population de cent quarante à
cent cinquante millions, cet empire se trouvera,
proportion gardée , un peu plus peuple que la
France , et chaque individu y vivra sur quatre ar-
pens. Donner à la Chine deux cents millions de
personnes, c’est trois arpens par tete , ce qui suppose
une population égalé à celle des Provinces-
Unies. En mettant trois cent trente-trois millions ,
ce n’est pas tout-à-fait deux arpens par tete , et c est
établir une population beaucoup plus forte que celle
des Pays-Bas. O r , est-il possible de croire qu’un
empire contenant neuf cents millions d arpens de
terre, dont six cents millions en culture, soit partout
aussi peuplé que la Hollande, qui n’en a que
douze à treize millions , ou plus que les Pays-Bas,
qui n’en ont que dix à onze ! On conviendra sans
peine que , l’agriculture étant plus susceptible
d’être perfectionnée dans un pays d’une médiocre
étendue , et les vivres pouvant s’y multiplier plus
facilement, la population doit y prendre un accroissement
beaucoup plus grand et beaucoup plus
rapide que dans un pays d’une étendue soixante
fois plus considérable.
Toutes ces raisons démontrent assez clairement
que la population de la Chine ne peut excéder
celle des autres pays ; et pour prouver définitivement
que ceux qui pensent le contraire sont dans