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avec le Manillois ; cet homme étoit âgé de cinquante
- cinq ans. Les nations présentèrfent une
requête afin d’intercéder pour ce malheureux ; elle
fut remise au général Chinois , qui dit en la recevant,
que cette démarche faisoit honneur aux
nations; il ajouta que le çanonnier n’étant coupable
qu’involontairement, il auroit certainement
sa grâce , mais qu’il falloit attendre ia décision de
Peking. M. Smith fut aussitôt relâché ; les galères
Chinoises se retirèrent, toutes les affaires reprirent
leur cours ordinaire , et peu après le navire
Anglois appareilla de Wampou.
Le 8 janvier 1785 , le Fou-yuen fit appeler les
Européens dans la ville; le mandarin chef de la
police, leur dit que l’empereur les engageoit à ne
pas tarder dorénavant de livrer un coupable, et
à se comporter avec modération ; enfin , il leur
représenta que sa clémence étoit grande , puisqu’il
ne demandoit qu’un seul homme pour deux
qui étoient morts. Vers les dix heures du matin le
Manillois fut étranglé hors de la ville, au bord de la
rivière : aucun Européen ne fut présent à l’exécu-
, tion. Le Fou-yuen avoit reçu la réponse de la cour,
à soixante lieues au-dessus de Quanton , lorsqu’il
se rendoit à Peking. L’empereur lui ordonnoit de
faire mourir sur-le-champ le çanonnier, et lui reprochoit
, dit-on, d’avoir reçu de l’argent pour avoir
représenté son action sous un jour trop favorable.
S U R L E S C H I N O I S . Ï Ç J
Ainsi se termina cette affaire, entreprise avec
trop de vivacité , et dont la fin fut très-malheureuse*
Les Chinois firent voir leur adresse ordinaire
dans cette circonstance ; ils cherchèrent à
séparer les Anglois des autres étrangers, persuadés
que, les premiers une fois isolés, ils en viendroient
plus facilement à. bout. Ils répandirent k cet effet
quelques écrits , et laissèrent prendre un petit mandarin
qui ne demandoit pas mieux qu’on pût se
saisir des lettres dont il étoit porteur. Cette manière
adroite des Chinois est conforme k leur
caractère , et ils aimèrent mieux finir pacifiquement
, qu’employer la force ; la preuve en est qu’ils
continuèrent toujours k fournir journellement les
vivres nécessaires. Au reste , ce fâcheux événement
fit prendre une décision sage, celle de ne
plus tirer le canon k Wampou , n’importe pour
quel motif.
COMMERCE PARTICULIER DES CHINOIS.
L a Chine est un des pays les mieux disposés
pour la réussite du commerce intérieur ; deux
fleuves immenses la parcourent de l’ouest k l’est,
tandis qu’un grand nombre de rivières la traversent
du nord au sud, et du sud au nord. Cette
heureuse distribution des eaux, et les avantages
qui eti résultent, ne furent pas long-temps ignorés
d’un peuple avide de richesses, et dont l’esprit