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Les Espagnols, à leur arrivée aux Luçons, y
trouvèrent différentes peuplades, et parmi elles des
Chinois, qui leur auroient peut-être fait perdre,
en 1603, cette importante colonie, si le courage
et l’habileté de Pedro d’Acugna ne l’eussent défendue
contre les tentatives de ce peuple actif et
entreprenant, mais en même temps peu militaire.
Depuis cet événement, les Espagnols jouissent
tranquillement de la possession des Philippines,
e t , excepté des courses ou attaques peu importantes
entreprises par les Maures qui occupent
quelques îles voisines , ils vivent actuellement en
paix avec les différens habitans de ce nombreux
archipel.
Les Philippines s’étendent depuis le sixième degré
de latitude nord jusque près du vingtième , et
depuis le cent seizième degré de longitude à l’est de
Paris, jusque par le cent vingt-sixième (n.° p6).
Les Philippines comprennent un grand nombre
d’îles ; mais, comme il seroit trop long d’en faire
l’énumération détaillée , je me borné à donner Une
description des plus considérables, ou de celles
qui méritent quelque attention.
L’air de ces îles est chaud et humide ; cependant,
quoiqu’elles soient placées dans la zone torride,
la chaleur n’y est pas aussi forte qu’on pourroit se
l’imaginer, à cause des brises de mer et de terre
qui la rendent supportable.
Le terroir est très-fertile ; on y récolte en abondance
du riz et du blé.
II y a des mines d’or, mais on ne les exploite
pas ; on retire seulement, par le lavage , ies parcelles
de ce métal qui roulent avec les eaux des
Fleuves. Ces îles sont sujettes à des tremblemens
de terre.
Les peuples qui habitent les Philippines diffèrent
ëntre eux par leur origine et par leur langage.
Les Tagales descendent des Maures et des Malais
; ils j occupoient les côtes de Manille lors de
l’arrivée des Espagnols. Les Bisayas ou Pintados
viennent de Macassar , et sont établis dans plusieurs
de ces îles. Ces deux peuples sont en partie
tributaires, et s’appliquent au commerce, aux arts,
à la navigation et à l’agriculture.
Les indigènes ou Negrillos n’ont aucune ressemblance
avec les Tagales et les Bisayas ; ils ont
de la conformité avec les noirs de Guinée, mais
ils sont plus petits de taille : leurs cheveux sont
crépus ; ils vont presque nus ; les femmes portent
autour du corps une pièce de toile tissue de fils
d’arbres qu’ils nomment tapiss. Ces sauvages vivent
dans les montagnes, et ne sont pas soumis.
II existe encore des Chinois k Manille, mais leur
nombre est beaucoup diminué depuis 1603.
Le tribut que paient les Indiens est fixé k dix
réaux pour les gens mariés, et k cinq pour ceux
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