OBSERVATIONS
glant, et en coupant la tête : la première est réputée
la plus douce, et ne déshonore point ; la
seconde est réservée pour les assassins ; les Chinois
en ont une grande horreur , parce que c’est
chez eux un malheur de mourir privé, de l’un des
membres qu on a reçus en naissant. Ainsi le législateur
a su profiter de l’imagination foible des
hommes , pour établir des différences dans un
supplice qui, quoique le même au fond, change
cependant, et devient beaucoup plus aggravant
d’après l’opinion de celui qui le subit. Un Chinois
qui en tue un autre par accident, ou en se défendant.;
un fils qui accuse à faux son père ou sa
mère ; un voleur pris les armes k la main, sont
étranglés. Le patient est lié debout contre une
croix, le bourreau lui passe une corde au cou et
la tord fortement par derrière avec un bâton ; il la
lâche ensuite un instant , puis il la serre de nouveau
et le supplice est terminé.
Selon les lois établies par la famille régnante,
dans le Code intitulé Ta-tsing-lu-ly, un mari qui
bat sa femme et qui la blesse, est puni ; s’il la
tue, il est mis à mort ; mais les maris battent peu
leurs épousés, car il y a de ces femmes qui se pen^
dent exprès pour susciter une mauvaise affaire k
leur époux. Un mari qui surprend sa femme en
adultère , et qui la tue ; un fils qui dans le premier
moment massacre le meurtrier de son père
ou de sa mère ,' ne sont pas poursuivis, mais il faut
qu’ils prouvent les circonstances. On coupe la tête
aux assassins, et on l’expose ensuite dans une eagé
suspendue au haut d’un mât élevé sur le bord d un
chemin. Pendant le cours de seize cents lieues
que nous avons faites dans l’empire, nous n’avons
aperçu qu’une seule de ces cages, en entrant danS
le Kiang-nan.
La peine de mort ne peut s infliger sans qüé lé
procès du coupable ait été examiné et confirmé
k Peking par l’empereur lui-m êm e . Si le crime
est grand, le prince ordonne qü’o il exécuté skhs
délai, sinon , qu’on attende jusqu’à l’automne ,•
époque k laquelle on fait toutes les exécutions à
mort. Avant de mener le patient au supplice, ori
lui donne un repas , et il peut së rendre sur lai
place de l’exécution , eïï chaise où ën voiture , s’il
en a les moyens. On met aux condamnés k mort ,•
un bâillon k la bouche ; les juges sont présens lorsqu’on
les exécute, et la fonction de bourreau n’a:
rien d’odieux.
Il est bon d’observer , avant de terminer cet article,
que l’homicide même involontaire étant puni
rigoureusement k la Chine, il ert résulte qüé les
Chinois sont peu portés 'a secourir un homme qui
se trouve en danger de perdre la vie , parce quils
ont k craindre d’êtré soupçonnés de l'avoir tué ;
par exemple , qu’un homme soit subitement H4