
cependant les moyens d’exercer leur adresse, surtout
lorsque le feu prend quelque part. Dans ce
dernier cas, toutes les barrières s’ouvrent, les Chinois
accourent de tous côtés, les uns pour regarder
, peu pour porter du secours, et le plus
grand nombre pour piller ceux qui se sauvent
avec leurs effets. Ces malheureux , il est vrai ,
s’arment, dans leur fuite , de sabres ou d’épées
pour se defèndre ; mais leur air effrayé enhardit
ïes voleurs, qui les attaquent et leur enlèvent leur
dernière ressource. A Quanton, aussitôt qu’un incendie
s’est déclaré, les mandarins et les soldats se
transportent sür les lieux, mais ils ne font rien pour
Iarrêter ; le feu ne s’éteint que de lui-même, lorsqu’il
n’y a plus rien à brûler, ou lorsque ïes Européens
parviennent à s’opposer k ses progrès.
Dans une de ces occasions j’ai traversé seul une
grande partie des faubourgs de cette ville , sans
que personne s’y soit opposé ; car les Chinois
voient alors avec plaisir les étrangers et les laissent
pénétrer par-tout. Mais, si c’est dans la ville que le
feu prend, la méfiance des mandarins l’emporte
sur le danger ; ils n’appellent aucun secours , et
fmcendie ne cesse qu’avec la destruction totale des
maisons.
Une des ordonnances de la police Chinoise défend
k toute personne quelconque de sortir le soir
sans lumière ; cette, précaution paroît, au premier
SUR LES CHINOIS. 10$
coup d’oèil, sagement établie; mais elle donne lieu
k des accidens très - fâcheux. Les Chinois ne se
servent pas toujours de lanternes ; ils emploient
souvent des torches faites de bois tortillé et résineux
, qui brûle facilement. On ne s’imagineroit
pas avec quelle négligence ils les portent : j’ai vu
plusieurs fois k Quanton la rue pleine de flammèches
, soit qu’elles fussent emportées naturellement
par le vent, soient qu’elles fussent détachées
par l’agitation que l’on donne de temps en
temps k ces espèces de flambeaux pour les tenir
allumés. Si la police étoit aussi bien faite qu’on
le d it, on les d.éfendroit sévèrement ; mais les
Chinois sont des gens d’habitude ; la coutume est
tout pour eux, et quels que soient les inconvé-
niens qui en résultent, ils la suivent toujours.
Heureusement qu’on sort peu le soir dans les
villes, k moins qu’on n’ait des affaires pressées :
on rentre de bonne heure, et lorsque la nuit
est un peu avancée , on ne rencontre plus personne
, d’autant plus que les treillis de bois placés
k l’entrée des rues de traverse sont fermés
( ?i° i i ).
Les soldats marquent les veilles de la nuit en
frappant sur une cloche ou sur un tambour. Tout
particulier qui possède quelque chose capable
de tenter les voleurs, a soin de faire monter
la garde chez lui par ses domestiques : ceux - ci