Europe, les gens qui ne rougissent pas d’emprunter
dans le dessein de ne jamais rendre, eussent
cette bizarre croyance ! les créanciers auroient
du moins une dernière ressource , puisqu’ils n’ont
pas, comme à. la Chine, celle de la bastonnade.
Si cependant, comme on vient de le voir, les
créanciers emploient différentes manières pour
tirer de l’argent de leurs débiteurs , ceux-oi, de
leur côté, imaginent toutes sortes de moyens pour
se dispenser de payer ; mais , ne réussissant pas toujours
dans leurs stratagèmes, ils prennent alors,
pour se tirer d’embarras, le parti de mettre le feu à
ieur propre maison, expédient tout-à-fait étrange,
et qui cependant a lieu assez souvent vers la fin
du dernier mois de l’année.
Les débiteurs insolvables envers l’État ne sont
pas traités moins sévèrement que les débiteurs
envers des particuliers ; outre la bastonnade , qui
est la correction commune aux uns et aux autres,
ils sont envoyés en exil en Tartarie, et employés
au service de l’empereur, dont iis deviennent la
propriété. Cet usage reçu de maltraiter les gens
qui ne paient pas leurs dettes, rend circonspects
ceux qui veulent emprunter : chacun travaille à se
liquider, et l’on ne voit pas, comme ici, des hommes
promenant hardiment le vol et l’infamie , rire ef>
frontément aux dépens de ceux qu’ils ont dupés.
Si les coutumes des Chinois ne sont pas toutes
bonnes ;
bonnes ; si leur manière de rendre la justice est
un peu trop expéditive , on conviendra pourtant
que sur l’article du prêt ils sont plus avancés que
nous, puisque chez eux les débiteurs infidèles sont
punis ; et qu’au contraire chez nous, on en voit
souvent qui sont reçus , accueillis, fêtés même, au
moins par des personnes capables de les imiter ;
mais nous n’aurions pas le spectacle de cfette impudeur
scandaleuse, si en Europe ceux qui s’ap-
propriènt ainsi l’argent des autres, recevoient une
punition telle qu’on la donne à la Chine.
VOLEURS.
L es voleurs montrent beaucoup d’adresse dans
l’exercice de leur métier * ils joignent même quelquefois
la force à l’adresse , mais rarement la violence,
parce que tout Voleur surpris les armes à. la
main, est condamné à être:étranglé. C’est sur-tout
à Quanton que l’on trouve un grand nombre des*
filoux ; ils ont même des chefs, que les Chinois
savent trouver dans l’occasion , et par le moyen
desquels on peut retrouver un objet perdu -en
entrant en composition avec eux : c’est ce que j’ai
vu moi-même.
Les voleurs de Quanton s’adressent de préférence
aux étrangers, et parmi ceux-ci aux nouveaux
arrivés : ils sont ordinairement plusieurs
ensemble, soit pour se passer de main en main
TOME III* J