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arsenal à Cavité , et c’est-Ià qu’ils construisent Ieÿ
gros bâtimens de commerce.
BAIE DE MANILLE.
La baie de Manille est d’une vaste étendue ; elle
a près de huit lieues de diamètre en tous sens ;
le brassiage est considérable. Les bords en sont
boisés en partie et couverts de villages ( n.° yy).
L ’île du Corrégidor est à l’entrée de la baie ; c’est
de là qu’on signale les navires qui sont en vue.
Les Espagnols n’y ont élevé aucune batterie, dans
la crainte que les Anglois ne s’en rendissent les
maîtres et ne s’en servissent pour les incommoder.
On passe indifféremment des deux côtés de
l’île ; mais le passage du sud entre Pulo-Cavalo
et la grande terre a plus de largeur et la mer y est
plus belle , même durant les vents de nord-est,
que dans la passe du nord, q u i, à partir de la
pointe Mirabelle jusqu’à l’île du Corrégidor ; n’a
pas tout-à-fait une lieue d’étendue. La mer étant
profonde de ce côté, les navires y passent assez
souvent ; mais les vents s’y font sentir avec violence
, et l’on doit s’en méfier lorsqu’on voit surtout
le sommet des montagnes couvert de nuages.
II faut également prendre garde aux rochers appelés
puercos, qui sont à la pointe Tagale , et qui
s’avancent à une distance assez considérable dans
la mer.
SUR LES ÎLES PHILIPPINES . 3 p 5
La Mon ja peut se ranger de fort près, ainsi que
le Fraile, mais Pulo-Cavalo a des ressifs au nord.
Pour défendre l’approche de la baie, il seroit important
que les Espagnols construisissent des batteries
et des redoutes sur toutes les pointes avancées
soit de la terre ferme , soit des îles voisines,
et qu’en outre ils entretinssent continuellement
une flottille de chaloupes canonnières auprès de
l’île du Corrégidor ; car, dans la situation présente,
une escadre peut entrer et mouiller devant Manille
ayant qu’on en ait la moindre connoissance.
On a placé , il est vrai, un garde-côte à la pointe
Mirabelle mais il ne sert à rien : ca r, lorsque
nous entrâmes dans la baie, ce bateau ne put nous
joindre, quoique nous n’eussions que nos seuls
huniers, et nous fûmes obligés d’amener entièrement
pour lui donner la facilité de nous atteindre.
II y a de l’eau par-tout dans la baie, excepté sur
le banc de Saint-Nicolas, dont l’étendue n’est cependant
pas aussi considérable que l’indique la
carte de M. d’Après. On peut le passer indifféremment
au nord et au sud ; mais il vaut mieux
tenir le sud dans la mousson du sud-ouest; la mer
est plus belle de ce côté, le vent plus doux, et
l’on peut longer la terre sans crainte, car il y a de
l’eau. Nous avons couru des.bordées dans la baie
de Manille, et nous sommes remontés jusqu’à son
extrémité septentrionale : la seule attention qu’on