
OBSERVAT IONS
quatre-vingt-deux mille neuf cent soixante-seize,
c’est-k-dire, douze millions trois cent quatre-vingt-
dix-huit mille sept cent trente-quatre individus de
moins (a) !
Pourquoi l’augmentation moyenne dans la population
depuis 1736 jusqu’k 1760, et depuis 1761
jusqu’en 1794 s est-elle de plus de trois millions par
an, tandis que dans une année, c’est-k-dire, de
1760 k 176 1 , elle n’est que d’un million trais cent
soixante-seize mille cinq cent quatre-vingt-unt
Comment expliquer une différence aussi extraordinaire
l II faut nécessairement l’attribuer ou au vice
de la méthode que l’on suit en dressant les états,
ou k la mauvaise foi de ceux qui en sont chargés ;
c’est ce dont le lecteur va se convaincre.
Suivant les missionnaires (b), durant l’espace de
quatre-vingts ans, depuis 1680 jusqu’k 1760, la
population a augmenté de quatre-vingts millions î
ce passage est d’autant plus remarquable, que comprenant
les années énoncées ci-dessus , il détruit la
prétendue augmentation de plus de trois millions
par an dans la population, puisqu’il ne la porte qu’k
un million, quantité égale k celle annoncée par les
états vde 1760 k 1761. Il prouvedonc clairement
combien ces états sont faux , et combien il faut
être circonspect avant de les adopter.
(a) Mission., tome VI, page 374.
¿b) Ibid, tome XI, page n z .
s u r l e s c h i n o i s ; 7 5
Une remarque k faire encore, et k laquelle les
différens auteurs qui ont écrit sur la population
n’ont pas eu assez égard, c’est qu’un accroissement
considérable dans la population n’est pas toujours
possible, parce que plus le nombre des hommes
est excessif, moins il doit augmenter. Franklin
observe que la faculté productive dans les animaux
n’est pas d’elle-même limitée, mais que lés hommes
en se multipliant diminuent leurs moyens de subsistance,
et que les privations qu’ils éprouvent ,
réduisent nécessairement la population k un terme
moyen. Il y a long-temps qu’on a reconnu qu’une
des causes principales qui restreignent l’accroissement,
étoit la difficulté de se procurer des vivres.
Si les années abondantes arrivoient plus fréquemment
, le genrë humain, suivant sir James Steward,
seroit beaucoup plus nombreux. Naturellement,
dit Smith, les animaux multiplient en raison de
leur subsistance.
Différens auteurs ont cru que la population
poüvoit être doublée en quinze ans , Petty pense
même qu’elle peut l’être en dix ; cependant, le plus
grand nombre s’accorde k dire que la population
double tous les vingt-cinq ans : mais en prenant
ce terme on auroit dû dire si l’on avoit en vue un
pays déterminé , ou si l’on rendoit l’application
générale ; car, dans ce dernier cas , on trouvera
peu de contrées , soit en Europe, soit ailleurs.