
OBSERVA T IONS
change sous Fempereur Yong-tching, qui fit subs^
tituer la taille ou impôt sur les terres à la capitation,
pour éviter Fincertitude et les variations du produit,
ou plutôt pour retirer un impôt plus considérable
, puisque la capitation de deux mas par
personne, prélevée, sous le règne de Kang-hy et
de ses prédécesseurs , sur cinquante-huit millions
de contribuables , depuis Fâge de vingt jusqu’k
soixante ans, ne procuroit qu’un revenu de quatre-
vingt - sept millions. Néanmoins , ôn ne peut
supposer que le gouvernement, en changeant
3 ancienne manière de percevoir les impôts, ait pu
prendre des moyens capables d’élever subitement
ïes revenus de l’empire, de la somme de deux cent
quatre-vingt-huit millions k celle de quatorze cent
quatre-vingt-cinq millions. Cette dernière évaluation
est trop forte, et ce que rapporte M. Barrow
ïe confirme (a).
« L ’empereur actuel Kia-king, dit-il, quoiqu’il
» se fût emparé des immenses trésors du premier
33 ministre de son père, et qu’il eût levé d’autres
33 sommes , fut obligé d’accepter trois millions:
33 sept cent cinquante mille livres des marchands de
» sel de Quanton , et d’envoyer vendre dans cette
33 ville des perles, des agates et difîerens. effets pré—
33 cieux, afin de subvenir aux frais nécessaires pour
i ^) Bânroiv» édition Anglaise, p&ÿc
SUR LES CHINOIS. S p
3> soumettre les rebelles d’une province de l’ouest. 33
Comment croire, d’après ce passage , aux énormes
revenus de l’empereur, puisque , malgré ses
richesses prétendues, il se trouve embarrassé ,
même avec l’addition des biens confisqués sur le
Ho-tchong-tang ! II y a lieu de penser que les
mandarins qui voyoient les Anglois avec inquiétude
et jalousie, et qui connoissoient leurs éta-
blissemens dans l’Inde, leur ont fourni des états
exagérés , dans Fintention de représenter la Chine
comme un pays riche , peuplé et capable de se
défendre. D’ailleurs, les Chinois ayant fait monter
le nombre des soldats à dix-huit cent mille, ont été
obligés de forcer proportionnellement les revenus
pour trouver la somme de onze cents millions
nécessaire k l’entretien d’une telle armée. Je vais
proposer un compte un peu différent, mais plus
approchant de la vérité.
Un édit de Fempereur, publié en 1777, recon-
noît que le tribut en argent levé sur tout Fempire
monte deux cent six millions neuf cent cinquante-
cinq mille livres ; mais comme il est d’usage k la
Chine de payer les impôts moitié en argent et moitié
en nature, cette somme de deux cent six millions
neuf cent cinquante-cinq mille livres ne sera donc
que la moitié de l’impôt , dont le total s’élèvera
k quatre cent treize millions neuf cent dix mille
livres.