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L’auteiir Chinois dont je viens de rapporter le
passage, en parlant du siège de Tsay-tcheou, dit
qu’on s’y servit de Sy-yo-pâo, ou Pao de la partie
de l ’ouest. Par les mots Sy-yo, cet écrivain veut-il
faire entendre que les Pao venoient de l’ouest, ou
avoient été inventés dans l’ouest, oti bien qu’ils res-
sembloient k ceux des Européens i C ’est ce qu’il
est impossible d’éclaircir , car il né s’explique pas
davantage, et ne désigne aucune époque. Cela
est d’autant plus fâcheux, que cet ouvrage a été
fait pour Kien-iong et imprimé par ses ordres.
Le P. de Mailla, en pariant du siège de Kay-
fbng-fou en 1232, dit que les Mongoux se servirent
de tubes pour lancer des fléchés, de Pan
pour lancer des pierres, et de Ho-pào pour incendier
; mais le mot Pao étant employé indifféremment
par les Chinois:, on né peut en fixer la vraie
signification , ni dire s’il exprime positivement un
canon. Il paroît qu’à la même époque les Mongoux
avoient une espèce de canôn formé de côtes de
Bambou réunies ensemble et attachées fortement
roi des Kin, appelé Ngay-ty ou Ninkiassou , y périt. Les Kin ou
Tartares Niutche qui avoient commencé à régner en 1118, sont
lés ancêtres des empereurs Tartares Mantcheoux, actuellement
régnant à la Chine. Ces Kin habitoient les pays situés au nord
de la Corée»avant qu’ils se fussent emparés de plusieurs provinces
de l’empire Chinois, dont ils furent chassés par les Mongoux
ou Mogols , qui détruisirent ensuite les Song, et fondèrent,
en ta do, la dynastie des Yuen.
SUR LES CHINOIS*
avec des cordes. Cette machine , qui s’appeloit
Tsuan-tchou, dut nécessairement donner l’idée aux
Chinois d’en faire sur ce modèle, en employant,
à la place du bambou, des barres de fer qu’ils réunirent
avec des cercles du même métal : aussi tels
furent leurs premiers canons. Il est k croire que
par la suite ils en fabriquèrent de plus solides ;
mais quelle que soit la forme qu’ils adoptèrent,
il est certain, ainsi que le dit l’historien Chinois,
qu’on en abandonna l’usage, fimte de bien con-
noitre les règles propres k leur construction.
Le P. Heralde, Espagnol, qui entra k la Chine
en 1 5 7 7 ) y trouva de Iartillerie, mais petite, mai
faite et fort ancienne. Les missionnaires qui le
suivirent, conviennent d’avoir vu quelques bombardes
k Nanking ; mais ils ajoutent que les Chinois
ne savoient pas s’en servir. Une preuve convaincante
de cette inexpérience , c’est que les Portugais,
lorsqu’ils présentèrent en 1621 des canons
k l’empereur, eurent la précaution d’envoyer en
même temps des gens en état de les manoeuvrer.
Ces canons , après avoir été essayés k Peking,
furent envoyés k la frontière pour être placés sur
la grande muraille.
Une grande partie des canons qui existent k
la Chine, ont été fondus par les PP. Adam Schaai
et Verbiest en 16$6 et i6 8 i , ou d’après leurs
instructions ; mais ces savans missionnaires n’ont
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