
contre-danses, des menuets et même la danse appelée
fandango , mais d’une manière très-décente.
On chanta aussi, suivant l’usage Espagnol, des
boleras , airs dont quelques-uns me parurent très-
agréables.
Les femmes, dans íes maisons particulières,
dansent aussi des menuets, mais d’une manière
assez singulière ; eiles y entremêlent de temps en
temps quelques pas du fandango : en générai,
elles paroissent peu habituées à cette danse ; car
fes menuets dureroient toute une soirée , si l’on
n’avoit pas la précaution d’avertir les danseuses
qu’il est temps de finir. Je ne parlerai pas ici des
danses exécutées par les métisses et par plusieurs
Espagnoles dans l’intérieur de leurs maisons : ces
danses sont extraordinairement lascives.
Ayant été invité à un bal chez des Espagnols,
je vis qu’on avoit eu l’attention de couvrir un
Christ qui étoit au fond de la salle dans laquelle
on dansoit. Le curé de la paroisse se présenta
pour voir la danse, mais il resta à la porte. Dans
toutes ces occasions on sert toujours une grande
quantité de rafraîchissemens, de confitures et de
pâtisseries.
Le teint des Espagnols nés à Manille est lég èrement
basané, mais ceux qui sont nés en Europe
conservent leur blancheur. Les uns et les autres
sont bons, civils et complaisans ; e t , durant ma,n
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séjour à Manille, je n’ai eu qu’à me louer de leurs
bons traitemens : j’en peux dire autant du gouverneur
, M. d’A guilar, et des autres personnes
en place , dont j’ai éprouvé la bienveillance dans
plusieurs circonstances.
Les Indiens sont laids et ressemblent aux Malais
; leur taille est moyenne et leur teint basané ;
les femmes ne sont pas mieux. Les hommes portent
une chemise, un pantalon, un chapeau et des pantoufles
; les élégans ont en outre une veste noire
avec un mouchoir dans chaque poche, un troisième
autour du cou et un quatrième dans la main. Ces
mouchoirs viennent de Madras, e t , comme on les
brode ensuite à Manille , ils coûtent fort cher. Les
Indiens fument des cigares de quatre à cinq pouces
de long et grosses comme le petit doigt.
Les Indiennes portent une chemisette et une
jupe , et s’entourent en outre d’une pièce d’étoffe
longue et étroite, qu’elles appellent tapiss, et qui
est faite avec des fils de bananier. Leurs chaussures
sont petites, et très-souvent le petit doigt du
pied sort en dehors. Leurs cheveux sont relevés et
noués sur le derrière de la tête : quelquefois ces
femmes se couvrent entièrement d’un grand manteau
noir tombant jusqu’à terre, et au haut duquel
il y a deux petites bandes étroites qui pendent de
chaque côté sur les épaules.
Les chirouttes ou cigares, des Indiennes et des