frappent sur de petits bâtons, pour indiquer qu’ifs
ne sont pas endormis , et par-là ils écartent les
filoux, qui vont chercher ailleurs des personnes
moins vigilantes. Cette surveillance dure jusqu’au
jour ; car aussitôt qu’il paroît, les rues se remplissent
de monde et les voleurs sont moins à
craindre.
La police se fait assez bien à la Chine, parce
qu’il est facile à quinze ou vingt personnes réunies
d’en arrêter une; j’ai vu néanmoins des occasions
où , malgré ïes ordres exprès du gouvernement,
les soldats n’ont pu parvenir à s’emparer de l’individu
qu’ils cherchoient. Les missionnaires ont
un peu exagéré , lorsqu’en parlant de la police
en générai, ils ont avancé que les signaux se répandent
dans tout l’empire aussi rapidement que
dans un camp, et que dans un instant un coupable
y est poursuivi et arrêté (a ). Cétte assertion est
hors de vraisemblance, attendu que les Corps-de-
garde ne sont pas tous placés à une distance égale ,
et que leur position respective les empêche très-
souvent de se voir ou de distinguer les signaux.
Nonobstant les précautions prises contre les voleurs
, il s’en trouve un assez grand nombre, et les.
soldats qui sont chargés de la police des villes, ne
réussissent pas toujours à s’en rendre maîtres. Ces,
soldats n’ont que des fouets , le port d’armes n’étant
permis qu’aux gens de guerre en fonction : aussi
voit-on peu de scènes sanglantes dans les rues ;
et si les gens du peuple , après s’être injuriés , en
viennent aüx coups , ils ont grand soin d’éviter
l’effusion du sang.
Les Anglois ont écrit dans leur relation, que les
disputes entre les Chinois se terminent par le de- V
chirement des habits ou par la perte du Penzé (a) :
c’est une erreur ; car k la Chine , le plus grand
affront qu’on puisse faire a quelqu’un, est de lui
couper son Penzé ; e t , dans un cas pareil, l’offensé
pourroit se porter à des voies de fait.
Lorsque les Chinois se battent, ils ont la précaution
d’ôter leurs habits et de rouler leur Penze
autour de la tête ; mais ils n’en viennent k cette
extrémité qu’après s’être dit beaucoup d’injures.
En général, les gens du peuple sont plus portés
k crier qu’k se battre ; et je ne me rappelle pas
avoir vu, dans tout le cours de mon voyage , qui
que ce soit en venir aux mains.
Je ne sais comment le P. de Fontaney, en parlant
des habitudes Chinoises , a pu dire que, se
trouvant dans un endroit étroit et rempli de portefaix
qui s’embarrassoient réciproquement dans leur
(a) Espèce de queue formée dés cheveux que les Chinois ne
fissent; croître que sur le derrière de la tête.