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de leur faire remettre de l’argent ; car dans ce pays ,
cQ^nme dans bien d’autres, les présens font beaucoup
, et ce n’est pas toujours au bon droit que
l’on doit le gain d’un procès.
Les Chinois , du temps de Confucius , avoient
çinq sortes de supplices ; i,° une marque noire
imprimée sur ie front, 2.0 l’amputation du bout du
nez, 3,.0 celle du pied ou du nerf du jarret, 4-° la
castration, 5.° la mort. Le Code des lois de la
dynastie régnante ne parle pas de ces supplices.
Les condamnations en usage, sont la bastonnade,
la cangue, l’exil, le tirage des barques, et la mort.
La peine de la bastonnade est très-fréquente ;
on la donne pour la moindre faute ; mais elle ne
peut être infligée k un mandarin ou k tout homme
décoré d’un bouton. II est rare qu’un Chinois appelé
en justice pour quelque affaire, puisse éviter
la bastonnade ; mais il est deux moyens de s’y
soustraire : le premier est de se faire remplacer ;
car, dit ie P. Lecomte (a)., il y a des gens tout
prêts k recevoir des coups pour les autres. Cette
assertion, qu’on aura de la peine à croire, est cependant
très-vraie : en effet, les personnes aisées,
même celles de la classe ordinaire du peuple ,
qui n’ont pas reçu de la nature des, cuisses capables
de supporter cette punitiontrouvent des
hommes qui, dans les affaires épineuses , se présentent
k leur place et s’exposent k tous les in-
convéniens qui peuvent en arriver ; il est vrai que
ceux-ci étant largement payés dans une pareille circonstance
> usent du second moyen pour éluder
la bastonnade, et que voici : lorsque le patient est
étendu par terre, et que les bourreaux sont près
de frapper, il lève les doigts, dont chacun exprime
une dixaine de deniers ; les soldats, qui comprennent
très-bien ces signes, semblent frapper
de toute leur force, mais ils font toucher k terre
l’extrémité du bambou, et la cuisse n’est que légèrement
effleurée : pendant ce temps le patient
pousse de grands cris , et se retire ensuite sans
avoir beaucoup souffert. On peut donc dire qu’à,
la Chine il y a des gens qui vivent de coups de
bâton; mais, si dans ces occasions ils n’avoient
pas les moyens de les esquiver en partie, ils ne
résisteroient pas long-temps k ce métier, car 011
donne la bastonnade depuis cinq coups jusqu’à
cinquante, et même au-delà : il est rare, dans
ces derniers cas , qu’un homme survive k cette
exécution. La manière dont j’ai v u , pendant nion.
voyage, appliquer la bastonnade, est cruelle. Les
bamboux ont de cinq k six pieds de long sur
quatre doigts de largeur, et sont arrondis sur les
côtés. Lorsque le mandarin est dans son tribunal,
et qu’il fait punir un coupable, il a devant lui un
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