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par leur position , peuvent faire un commerce immense
avec la Chine, la Cochinchine, Cambojé,
Borneo, íes Moluques, la côte de l’Inde et celle
de l’Amérique ; mais íes Espagnols ne s’étant jamais
occupés que du commerce d’AcapuIco, ont
négligé tous les autres ; et la colonie , qui pour-
roit fournir au chargement d’un nombre considérable
de navires, peut à peine en expédier quelques
uns.
Les îies Philippines produisent plusieurs marchandises
d’exportation ; elles peuvent donner du
coton, de l’arec et du poivre. Si on excitait [’industrie
des Indiens , ceux-ci s’emploieroient à la
culture de ces trois derniers articles , qui fourni-
roient aux Espagnols des marchandises de première
nécessité pour la Chine, qu’ils échangeroient
pour des soies : dès-lors ils ne seroient plus obligés
d’y porter autant d’argent, et les piastres de l’Amérique
reflueroient en Espagne. A ce premier avantage
il faut en ajouter encore d’autres.
Les Espagnols , en forçant dans les îles Philippines
la culture du, coton, pourroient fournir
cette production aux Chinois à meilleur marché
que les Anglois ; dès ce moment les cotons de
Bombay ne seroient plus autant de défaite, et la
compagnie Angloise, n’ayant plus les mêmes ali-
mens pour ses opérations, se verroit obligée de
tirer de Londres de forts capitaux, et de faire, par
SUR LES ÎL E S P H IL I P P IN E S . 4 I
Conséquent, un commerce désavantageux et extrêmement
nuisible à ses intérêts. Dans cette lutte
de commerce , les Espagnols n’ont rien à risquer,
e t , au contraire , ils ont tout à. gagner. La proximité
des lieux, la modicité des frais de transport,
-les mettroient nécessairement en état de demander
beaucoup moins de leurs cotons que les Anglois ;
d’ailleurs, les Chinois préféreroient acheter des
Espagnols les cotons qu’ils paieroient en soieries ,
plutôt que de les acheter des capitaines de la côte
de l’Inde, qui en vendent toujours une partie en
argent, qu’ils trouvent le moyen de faire sortir,
malgré les défenses des mandarins.
Manille pourroit devenir un lieu d’entrepôt ,
non - seulement pour les navires Espagnols, mais
même pour ceux des étrangers , si le gouvernement
leur en permettait l’entrée. En effet, cette
colonie étant approvisionnée des objets de la
Chine, soit par les caboteurs Manillois, soit par
les jonques' Chinoises qui viennent tous les ans
d’Emouy, les navires Européens aimeroient mieux
y prendre leur cargaison de retour , et éviter, par
ce moyen , la perte du temps et les frais de factorerie,
de Séjour et de mesurage à Quanton.
Les Espagnols de Manille pourroient en outre
aller eux-mêmes à la côte de l’Inde avec de l’argent
, de 1 indigo , quelques marchandises de la
Cliipe , et s y procurer en échange des cambayes,,