
4j O OBSERVATIONS SÛR l I l Ë DE FRANCE,
s’y établir, attacheroit k son sol une quantité de
propriétaires q u i, n’étant pas assez riches pour
l’abandonner, le feroient fructifier en s’appliquant
à une agriculture suivie O et constante ; tahdis que
les trois quarts ries habitans actuels, tourmentés
sans cesse du désir, quoique souvent chimérique ,
d’amasser rapidement des richesses pour retourner
en Europe, soignent peu leurs habitations, et nè
songent qu’aü moment présent, sans s’embarrasser
de l’avenir.
II est inutile d’entrer dans un détail minutieux
sur les produits de cette île , et sur ce qu’elle pour-
roi t devenir : j’ai voulu simplèment en démontrer
l’importance ; et si le peu que je viens de dire ne
suffisôit pas pour persuader le lecteür , qu’il réfléchisse
un instant à cette phrase d’un homme célèbre
et bien connu par ses tâlens politiques :
ec Tant que lés François, disoit lord Chatam, au*
y» ront l’île de France, les Anglais ne seront pas
a* les maîtres de l’Inde. »
RETOUR EN EUROPE.
La prise de Pondichery , en 179 3, ayant arrêté
l’envoi des fonds accoutumés et nécessaires à ma
résidence k Quanton , soit pour cette année, soit
pour celles qui la suivirent, je m’étois déterminé ,
comme je l’ai dit plus haut, à passer à l’île de
France, en 1796, dans le dessein de m’y procurer
le remboursement de mes appointemens. Trompé
dans cette attente, les lois de l’assemblée de l’île
de France s’opposant à tout paiement étranger au
service, de la colonie , je ne dus qu’à la bonne
volonté de M. de Malartic, gouverneur, et de
M. Dupuy, intendant, la faveur d’obtçnir un léger
à-compte de quatre cents piastres [ a 160 liv. ] , qui
me mit à même de me rendre en Chine à la fin de
1796, mais qui fut insuffisant pour m’y/aire demeurer.
J’en partis donc encore en \ 797 , pour retourner
à l’île de France , où je pouvois recevoir,
plutôt qu’à Quanton , des lettres du ministre auquel
j’avois écrit, et auquel j’écrivis de nouveau
lors de mon arrivée, pour demander les fonds
nécessaires à l’effet de continuer mon séjour à la
Chine, ou pour obtenir la permission et l’ordre de
repasser en Europe. Après être resté inutilement
trois ans à l’île de France, espérant toujours recevoir
des réponses, et n’en recevant aucune , je me