
Chine n’excède pas de beaucoup celle des autres
pays.
On vient de voir que la Chine par elle-même
suffit à peine à nourrir ses habitans ; il faut examiner
actuellement si elle peut être alimentée-par
ses voisins.
' Dans les temps de disette, disent les Lettres
édifiantes ( a ) , la Chine ne tire aucun secours des
étrangers. On trouve bien au nord, dit le P. du
LIalde (b ) , les terres du Leaotong ; elles sont
bonnes et fertiles en millet et froment; elles nourrissent
de grands troupeaux de boeufs et de moutons,
ce qu’on ne voit presque point dans les
provinces de la Chine ; mais ie Leaotong est peu
considérable , et sa partie orientale est déserte et
marécageuse.
Le Kirin-oula-hotun, qui s’étend jusqu’k la mer
de lest, et qui comprend douze degrés en latitude
et vingt en iongitude, est un pays froid, rempli
de forêts et de montagnes, et si peu habité que
Iempereur, pour en peupler les campagnes, y
envoie les Tartares et les Chinois condamnés k
fexil. Le terrain y produit du millet et de l’avoine
dont on nourrit les chevaux, ce qui ne se fait pas
à la Chine, ainsi que je l’ai remarqué pendant
(a ) Tome XXII, page i?f.
( b) Tome IV, pages g et suiv.
mon voyage. Le riz et le froment sont rares dans
cette contrée.
Le pays de Tcitcicar qui confine avec les Moscovites
, est médiocrement bon , et la terre y est
sablonneuse.
Dans la partie du nord-ouest, les terres des
Mongoux occupent une étendue de près de trois
cents lieues de l’est k l’ouest et de deux cents *du
nord au sud. Sous le nom général de Mongoux,
on comprend les LIeuths , les Kalkas et les Mongoux
proprement dits. Tous ces peuples habitent
sous des tentes , vivent de leurs troupeaux et de
leur chasse ; ennemis du travail, ils aiment mieux
ce genre de vie que cultiver la terre.
Les Éleuths habitent les pays situés entre la mer
Caspienne et les monts Altaï; ils ont au nord les
Moscovites et au sud les Tartares Yusbeks. Ces
pays, par leur éloignement et par la manière de
vivre des habitans, ne peuvent rien fournir aux
Chinois.
Les Kalkas sont plus rapprochés : leur pays
s’étend de l’est k l’ouest , depuis la province de
Solon jusqu’aux monts Altaï, c’est-k-dire, dans une
longueur de plus de deux cents lieues ; et du nord
au sud, depuis les cinquante et cinquante et unième
degrés jusqu’à la fin du désert de Cobi ou Chamo ,
qui comprend un espace de près de cent lieues,
et s’étend ensuite par ramifications de différens