médiation, et les parties s’accommodent sans beau-“
coup de difficultés. Dans le cas contraire, le mandarin
ordonne la saisie des biens , si le débiteur en
a ; s il nen a pas , il est mis en prison et on lui
accorde un délai au bout duquel, s’il ne satisfait
pas, il reçoit, suivant la loi, la bastonnade ; alors le
juge accorde encore un autre délai, après lequel,
faute de paiement, on inflige une seconde bastonnade
, et ainsi de suite. La crainte d’un pareil
traitement oblige les débiteurs à chercher tous
les moyens possibles pour se libérer envers leurs
créanciers , et se soustraire au châtiment. II y en
a même qui se donnent pour esclaves, lorsqu’ils
n’ont pas d’autre moyen de sortir d’embarras. Si
la loi est sévère contre celui qui ne paie pas , elle
défend absolument aux particuliers d’employer la
violence pour obtenir le remboursement d’une
somme prêtée : c’est s’exposer à quatre - vingts
coups de bambou, que de se payer par ses mains;
cependant les mandarins tolèrent certains moyens
employés par les Chinois pour tirer de fargent
de leurs débiteurs , lors du renouvellement de
i’année. A cette époque les créanciers entrent dans
les maisons de leurs débiteurs , crient de toutes
leurs forces, ou s’établissent pour n’en sortir que
lorsqu’ils ont été remboursés. Lès Chinois redoutent
extrêmement de pareilles visites, parce que
s i , dans ces circonstances , il survenoit quelque
accident au créancier, ils auroient k craindre que
la justice ne les soupçonnât d’avoir voulu attenter
k sa vie.
Un Européen ayant k réclamer une forte somme
d’un marchand de Quanton , qui le remettait de
jour en jour , l’attira chez lui, et le tint renfermé
jusqu’k ce qu’il eût payé : ce moyen réussit, mais
il est dangereux ; car il y a des Chinois capables
de se pendre , e t , dans ce cas , l’affaire deviendront
très-grave ; il faut, pour en agir de la sorte *
être bien sûr que le débiteur est attaché k la vie.
Dans tous les cas, il n’est pas prudent d’employer
ce moyen ; ie plus sage est de se plaindre aux
mandarins, lorsque celui qui doit est du nombre
des hannistes, parce qu’alors le juge ordonne aux
autres marchands de se cotiser entre eux pour payer
la dette.
La dernière ressource des Chinois , lorsqu’ils ne
peuvent rien obtenir de leurs débiteurs par les
voies dont j’ai çféjk parlé, est de les menacer d’enlever
la porte de leur maison ou de leur boutique :
c’est le plus grand malheur qui puisse arriver k
un Chinois , de sç trouver sans porte lors de la
nouvelle année ; ?I se croit perdu pour toujours ,
parce qu’alors rien ne peut plus s’opposer k l’entrée
des mauvais génies ; telles sont les idées superstitieuses
des Chinois, On rira, sans doute , de
cette puérile crédulité ; mais plût k Dieu qu’en