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champs. La route va ensuite au nord-est; et après
avoir fait un coude à l’est, elle reprend ïe premier
rumb jusqu’à ia ville de Hiang-chaiï-hien, place
militaire , où il y a des troupes en garnison.
Le comprador descend - ici à. terre pour avertir
les mandarins, qui viennent toujours deux, mais
jamais ensemble , de manière qu’on les attend fort
long-temps. II faut avoir la précaution d’arriver à.
Hiang-chan avant quatre ou cinq heures de l’après-
midi , car sans cela on est forcé d’y passer la nuit ;
les mandarins n’aimant pas à se déranger lorsqu’ils
prennent leur repas. Ces officiers examinent
le bagage , regardent si le nombre des personnes
•marquées dans la permission est exact, et font
signer un papier qui atteste qu’ils n’ont rien demandé
: nonobstant on leur fait quelques présens
, consistant en vins et en bougies. Leurs domestiques
ont aussi leur tour , et comme ils sont
fort exigeans , il arrive souvent des disputes. La
.ville d’Hiang-çhan; est située dans la direction est
et ouest; on n’en voit que la porte, qui paroît très-
petite. Le faubourg est bâti le long de la rivière.
Les Chinois qui l’habitent s’occupent k construire
des bateaux et des galères. La campagne, dans les
environs, est belle et bien cultivée ; on aperçoit
çk et là des habitations entourées d’arbres , et un
grand nombre de plantations de bananiers.
. En sortant d’Hiapg-chan on laisse à droite unç
S U R L E S C H I N O I S .
tour de sept étages, et l’on porte ensuite au nord-
nord-est, jusqu’à deux lieues au nord de la ville,
où le chemin se divise en deux, dont l’un va à l’est
et 1 autre presque à l’ouest; c’est ce dernier que les
bateaux suivent toujours : il est étroit, rempli d’une
infinité de petits canaux, qui pénètrent dans les
champs de riz, et il court au nord-ouest, au nord-
est , au nord, au nord-nord-ouest et au nord-est,
jusqu au village de Tan-chan.
Quant au premier chemin qui porte à l’est, on
ne le suit presque jamais. Je n’y ai passé qu’une
seule fois à la fin de 1792, parce que le vent étant
très-foible, les champaniers prirent le large pour
éviter le calme. Les terres à bâbord sont basses ;
elles s’ouvrent ensuite , et l’on ne distingue que
trois pointes isolées. A peu de distance de l’entrée
de ce canal, durant l’espace d’un quart de lieue en
longueur, je trouvai un grand nombre de bateaux
remplis de Chinois qui s’occupoient à retirer du
fond de I eau des coquilles d’huîtres fossilles, qu’ils
emploient à faire de la chaux. Ces coquilles sont
à une profondeur de deux à trois brasses.
Après avoir fait trois lieues dans ce passage,
dont la côte méridionale est bordée de montar
gnes, et offre dans les terrains bas des habitations,
mon bateau s’éleva en dehors des terres, et je découvris
l’île Lankeet, la pointe Keou et l’île de
Lintin. Les vents adonnant alors, les Chinois
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