ou la population ait reçu un pareil accroissement.
Aux Etats-Unis d’Amérique, où les vivrês sont
en abondance, les moeurs pures, les mariages faciles
, la population s’accroît considérablement dans
les villes , et encore plus dans les campagnes ,
dont les habitans, sans cesse occupés des travaux
de 1 agriculture, ignorent les vices qui enlèvent
un grand nombre de personnes dans les cités ;
aussi les Etats-Unis nous offrent-ils une population
plus que doublée en vingt-cinq ans. Elle étoit, en
1774 j de deux millions quatre cent quatre-vingt-
six mille ames, et en 17pp, de cinq millions cent
vingt-sept mille sept cent cinquante-six. Mais en
prenant cet exemple, a-t-on bien examiné comment
la population de l’Amérique est composée ,
et de quelle manière elle s’est accrue T Combien
d’individus , de familles même ont quitté l’Europe
pour aller s’établir en Amérique , soit après la
guerre avec l’Angleterre, soit pendant la révolution
de la France l Cette augmentation, qui sort
du cours ordinaire de la nature et tient à des circonstances
particulières, ne peut entrer en ligne
de compte pour un véritable calculateur. II ne doit
considérer que la population indigène s’accroissant
par son propre produit et non par des causes
étrangères : ainsi l’on ne doit pas conclure de ce
que la population a doublé aux Etats-Unis depuis
son indépendance, qu’elle puisse suivre le même
cours chez les autres nations. D’ailleurs, les Etats-
Unis se trouvent dans le cas des pays qui sont
susceptibles d’un grand accroissement, par la facilité
de s’y procurer des vivres, par l’étendue de
leur territoire et par le petit nombre de leurs habitans.
Il n’est donc pas surprenant que la population
y ait augmenté et qu’elle augmente encore ;
mais lorsqu’elle sera parvenue au point où son
accroissement apportera les mêmes causes de destruction
qui existent dans les grandes nations, alors
elle n’augmentera que fort peu, et se mettra en
équilibre avec ses moyens de subsistance. C ’est ce
que nous voyons à la Chine, où la population est
loin de prendre l’accroissement accordé ordinairement
aux autres nations; effet produit par la
trop grande quantité d’habitans réunis en une
seule masse , quantité cependant qui est fort au-
dessous des trois cent trente-trois millions d’individus
que les voyageurs Anglois assignent à. cet
empire.
- Nienhoff compte en 1650, après la conquête
de la Chine par les Tartares , cent cinq millions
huit cent soixante-onze mille quatre cent trente-
quatre individus. Sous Kang-hy le nombre de per*
sonnes s’élevoit à cent quinze millions cinquante*
deux mille sept cent vingt-quatre. En prenant un
milieu entre sept dénombremens, on trouve une
population de cent douze millions quatre cent