
font une décharge générale. Les forts bâtis k fa
Bouche du Tigre, sur la rivière de Quanton, ne
pourroient soutenir le feu d’une moyenne frégate :
en un mot, les forts et les remparts des villes Chinoises
ne sont nullement en état de résister à i’ar-
tillerie Européenne.
Nous avons rencontré dans notre voyage des
places purement militaires ; elles ne diffèrent en
rien des villes fortifiées , et servent de défense au
pays ou de garnison. Les Chinois ont élevé pareillement
de petits forts sur le haut des montagnes
et construit des murs dans certains passages dangereux
: nous en avons vu en quittant le Tche-
kiang pour entrer dans le Kiang-sy; mais ces forts
et ces murs , quoique garnis de soldats, ne sont
bons, quant à leur construction, que pour arrêter
les voleurs. On en peut dire autant des corps-de-
garde placés de distance en distance le long des
chemins ou des grandes rivières (a) , et dont l’établissement
, quoique sans contredit une des meilleures
institutions des Chinois , doit cependant
être plutôt rapporté à la seule police des routes,
qu’envisagé sous le point de vue militaire.
(a) Vqyei au chapitre qui traite des chemins l’article des corps-
de-garde, tome II, page 21y.
a r t i l l e r i e ; p o u d r e À c a n o n .
¡p L e s Chinois connoissoient la poudre k canon
long-temps avant qu’elle fût connue des Européens
; mais ils n’en peuvent nommer l’inven-
oeeur (a). Les missionnaires disent (b) que, depuis
K ’ère Chrétienne jusqu’au seizième siècle, il y eut
Ppeu de guerriers k la Chine qui entendissent l’usage
■des armes k feu, et que Kong-ming est presque
l ie seul qui s’en soit servi, vers l’an 200 de J. C.
■Cependant cette assertion est contredite par l’ob-
■servation d’un Chinois que l’on doit supposer au
■fait de cette matière. O n rapporte que l’empereur
■Hoay-tsong Payant fait assembler son conseil en
K1 £>4o , un mandarin proposa de s’adresser au
| P • Adam Schaal pour fondre des canons , mais
■que Leou-tcheou s’y opposa, en disant: ce Avant les
(a) On a dit que l’invention de la poudre à canon n’eut lieu
fen Europe qu’en 1354, cinquante-neuf ans après le retour de
¡Marco Polo, et on l’attribue généralement à Schwartz, moine
Allemand. Cependant Bacon avoit parlé de la poudre soixante
ans auparavant ; et en 1 342 , les Mores ou Arabes assiégés dans
i Algésiras par Alphonse XI , roi de Castifle , s’étoient servis
| d’espèces de canons pour se défendre , ce qui indique que l’usage
de la poudre a été apporté de l’Asie , et qu’il y étoit déjà si
ancien dans le x iv .c siècle, que les Asiatiques même n’en con,
boissoient pas l’origine. En 1346, les Anglois se servirent de
Icanons à la bataille de Crécy, perdue par Philippe VI.
(b) Tome VIII, page gji.