
étui rempli de petits bâtons longs de six pouces
et larges d’un pouce, et autant qu’il en jette sur
la table, autant de fois cinq coups les bourreaux
doivent appliquer au patient.
La cangue est réservée pour les voleurs et les,
perturbateurs du repos public ; elle est composée
de deux pièces de bois plates , qui se réunissent
èt ne forment qu’un seul morceau percé au milieu
pour passer le cou du patient. II y en a qui pèsent
jusqu’à deux cents livres, et qui ont trois pieds en
carré, et six pouces d’épaisseur : les cangues ordinaires
sont de soixante - quatorze livres ; le coupable
porte cette machine sur les épaules, de manière
qu’il ne peut voir ses pieds , ni porter ses
mains à sa bouche , et qu’il moUrroit de faim si
ses amis ne venoient à son secours.
C ’est une faute du dessinateur , dans les O«rravures
du Voyage de M. Macartney, que d’avoir
représenté le patient passant sa main à travers la
cangue ; cela n’est pas possible , j’en parle pour
avoir vu dans mon voyage plusieurs Chinois avec
cette table de bois au cou : ces malheureux se te-
noient accroupis, appuyés sur un des angles de la
cangue , et paroissoient en être incommodés :
d’autres , plus industrieux, se servent d’une chaise
de bambou, dont les quatre pieds s’élèvent assez
pour pouvoir supporter la table sans qu’elle pèse
sur leurs épaules; enfin, chacun cherche à se
soulager de son mieux, d’un poids d’autant plus
fatigant, qu’il faut le porter constamment sans
pouvoir s’en délivrer , le juge ayant eu la précaution
de sceller la machine , et de poser sur la
réunion des deux pièces une bande de papier qui
contient la sentence du coupable. De plus , le
patient est obligé de se tenir dans les lieux qui
lui sont indiqués, et de se présenter, à l’expiration
du terme de sa punition, devant le mandarin, qui
lui fait ôter la cangue, et le renvoie après une
légère bastonnade ; car à la Chine on ne sort jamais
d’une mauvaise affaire , sans une correction
quelconque.
Il y a des crimes pour lesquels on condamne
àu banissement pour un , deux ou trois ans : ce
bannissement est quelquefois perpétuel, sur-tout
si le coupable est envoyé en Tartarie ; ceux qui y
sont condamnés portent un bonnet rouge. Un fils
qui accuse son père ou sa mère, même avec raison,
est puni par l’exil; un homme qui doit à l’empereur
, et qui ne peut payer, est exilé à Y -ly , au-
delà de la grande muraille : les fils, les petits-fils
et les épouses d’un banni, peuvent le suivre dans
le lieu qui lui est assigné.
La peine du tirage des barques impériales s’inflige
pour deux cents , deux cent cinquante, et
trois cents lieues, suivant fa gravité du délit.
La mort se doijme de deux manières, en étran