*tn peu trop fortes. D autres voyageurs, trompés
par le rapport, des;.Chinois, ont adopté aveuglément
les notes qu’ils en ont reçues, et nous ont
présenté. la; population de cet État' comme beaucoup
plus considérable que nous ne lavions crue
jusqu’alors.
J’ai, consulté moi-même les Chinois ; mais les
ayant trouvés en contradiction íes uns avec íes autres
, j’ai jugé qu’ii n’étoit pas prudent de les croire
sur parole ; car nul peuple au monde n’est plus disposée
exagérer tout ce qui regarde sa nation. Iis
se font peu de scrupule de tromper un étranger,
d autant plus que ieur vanité se trouvé récompensée
par 1 importance qu’iis croient se donner à euxmêmes
en augmentant la force et la puissance de
leur pays.
Tout en suivant íes états qu’iis m’ont fournis,
j examinerai moi-même si le soi des provinces peut
subvenir à fa nourriture de seshabitans; si ia Chine ,
dans íes cas de disette , peut trouver des secours
étrangers, et si le nombre d’hommes est proportionne
à l’étendue de chaque province; enfin, je
tâcherai de faire voir que sa population n’est pas
plus considérable que ceiie des autres pays à territoire
égal.
Les reflexions que je me permets de hasarder,
sont le résultat d’un voyage que j’ai fait dans ï’in-
ïérieur; non que j aie la prétention de dire que
j’ai tout examiné , cela étoit impossible ; mais ce
que j’avance est fondé sur des rapports et sur des
observations pesées avec la plus stricte impartia-
ïité.
La rareté ou la disette des vivres i est ie plus
grand obstacle au progrès de ia population ; or,
si l’on suppose un accroissement dans celle-ci, il
faut en supposer un pareil dans les subsistances :
mais comme il est reconnu que les hommes produisent
plus promptement que la terre ne s’améliore,
il résulte donc en définitif un manque
d’alimens : de là naissent la misère, la pauvreté,
les maladies et les mortalités , fléaux destructeurs
qui absorbent' la surabondance de la population ,
et l’entretiennent dans un juste niveau ; or, nul
peuple n’est peut-être autant exposé que les Chinois
, à ces fatales conséquences.
Les terres labourables , dit le père du ïlà\àe(a),
sont en général assez fertiles , et rapportent deux
fois chaque année en certains endroits; mais comme
elles ne sont pas en quantité suffisante dans plusieurs
provinces, la plupart remplies de montagnes,
il s’ensuit que ce qui sè récolte dans l’empire, suffit
à peine à la nourriturè des habitans.
L’Yunnan , le Koey-tcheou , le Setchûen , lé
To-kien , sont montueux : le Tchekiang est fertilé