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pendant notre voyage. Nous avons passé, nous
avons séjourné dans les mêmes lieux que les
Angiois, cette quantité de soldats placés à dessein
sur leur passage ne s’est point présentée devant
nous ; chacun étoit retourné à son poste, et nous
n’avons plus trouvé par-tout que le nombre qui y
existe ordinairement.
M. Vanbraam, qui m’a toujours paru zéfé admirateur
des Chinois, et dont le récit doit être
nécessairement en leur faveur, confirme ce que
j’avance. Voici ce qu’il dit (a) : « Je n’ai jamais
» vu de garde militaire auprès de l’empereur : il
» n’y avoit pas même de corps-de-garde à la porte
» du palais ; et il s’en faut bien qu’on voie une
33 petite armée dans la capitale , car je n’ai ren-
33 contré dans toutes mes courses qu’un corps-de-
33 garde de dix soldats. Je n’ai pas été peu surpris
3> de voir aussi peu de troupes, sur-tout d’après
» çe que les Angiois avoient assuré que l’armée
3> étoit de dix-huit cent mille hommes. J’ai cherché
i» vainement dans tout le voyage à en apercevoir
33 pour pouvoir admettre cette évaluation. Dans
33 les villes du premier et du second ordre, nous
33 avons trouvé jusqu’à deux cent cinquante mili-
33 taires ; et dans les villes du troisième, rarement
33 plus de la moitié de ce nombre. Ce calcul est
39 appttyé sur ce qu’on nous a montre toute la.
33 garnison. D’après cette base , prise d’une cir-
33 constance où l’on a dû chercher plutôt à grossir
33 qu’à diminuer cette montre de forces , ori ne
33 peut supposer tout au plus que huit cent mille-
33 hommes. 33
Les missionnaires qui donnent à la. Chine une
population nombreuse, mais cependant beaucoup
plus foible que celle rapportée par M. Barrow, et
dont par conséquent l’opinion doit être d’un grand
poids ; les missionnaires, dis-je, ne comptent que
de six à huit cent mille hommes de troupes répandues
dans tout cet empire. Le P. Rodriguez dit qu’il
n’en existe que cinq cent quatre-vingt-quatorze
mille. Un missionnaire très-éclairé, le P. Visdelou,
ne compte que trente-six mille hommes d’infanterie
danschaque province, encore en réduit-il le nombre
à trente mille, prétendant qu’il manque presque
deux cents hommes sur mille. D’après ce calcul,
en ajoutant aux treize provinces les deux portions
du Kiang-nan, celles du Hou-kouang ( a ) , le
Kan - sou et le Leao - tong, on aura dix - neuf
provinces ; à trente mille hommes chacune , le
total des soldats d’infanterie s’élèvera à cinq cent
soixante-dix mille. Si l’on suppose avec cela deux
cent mille cavaliers , la masse totale des troupes
( a ) Ces deux provinces sont chacune partagées en deux.
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