leurs habitans ; car les peuples indolens et pauvres,
sont peu disposés à se reproduire.
Le pays où tout citoyen est considéré , n’importe
dans quelle condition ; où le négociant
enrichi par le commerce , continue à s’y livrer
parce qu’il est assuré de s’illustrer en remplissant
bien son état ; ce pays sera le plus propre à faire
un commerce suivi, et par-là deviendra riche et
puissant.
Les gouvernemens doivent exciter et protéger
le commerce ; mais ils doivent veiller en même
temps à ce qu’il soit fait de la manière la plus
utile à lÉtat. Un pays, dit Davenant (a)., ne peut
devenir riche que par un commerce bien conduit
et auquel on donne toute l’extension dont il est
susceptible ; et comme il n’y a pas de contrée dont
le soi soit assez fertile pour qu’elle s’enrichisse par
le simple échange de ses productions, on ne doit,
continue le même auteur, y négliger aucune sòrte
de commerce, parce que tous les genres de trafic
sont tellement liés entre eux par une dépendance
réciproque, que la perte de l’un entraîné infailliblement
la ruine des autres.
Le commerce, suivant l’Histoire universelle des
Anglois, augmente les forces navales ; il emploie
beaucoup d’hommes, il fait des marins, apporte
(a) An Eîiây upon the East-Iiidia trade.
SUR LES C H I N O I S . 2IC)
de l’argent, enrichit la nation et favorise ses exportations.
Commerce des Compagnies et des Particuliers.
Les premiers Européens qui firent des découvertes,
ou qui se livrèrent à des commerces loin- I
tains, furent pour la plupart des négocians isolés,
et non réunis en compagnie; mais la durée , les
dangers des voyages, les embarras des expéditions
éloignées , les dégoûtèrent bientôt de semblables
entreprises , et l’on reconnut que les négocians
ne pouvoient , avec leurs propres moyens, lutter
avec avantage contre ces divers inconvéniens.
L’unanimité des puissances étrangères, depuis
deux cents ans, à remettre , malgré les plaintes
des particuliers , le commerce de l’Inde dans les
mains de compagnies exclusives , prouve clairement
en faveur de ces établissemens ; et si l’on
suppose un instant qu’un intérêt quelconque leur
ait donné naissance , on doit croire que l’expérience
en découvrant, tôt ou tard , les inconvé-;
niens ou l’utilité qui en résultent, a naturellement
fixé l’opinion du côté qui paroissoit le plus avantageux.
Le grand Colbert regard oit l’établissement des
compagnies comme le moyen le plus propre à
engager lés François à commercer par eux-mêmes ;
car, dit Davenant, la France est une nation chez