
deux: ce Bâtiment, après avoir reçu la Bénédiction
de la Vierge, de dessus les remparts, quitte Manille
à ia mi-juillet, passe ïe détroit de San-Ber-
nardino , ce qui n’arrive souvent qu’environ un
mois ou six semaines après son départ, et cingle
ensuite au nord jusque par les trente degrés , pour
atteindre les vents d’ouest : il porte ensuite à l’est
jusqu à ia côte de la Californie , et arrive à Aca-
puiço en décembre ou janvier, le plus tard en
février. La vente est bientôt terminée, et le galion
repart à ia mi-mars ; il prend la latitude de treize
et quatorze degrés, et porte à i’est jusqu’à i’atter-
rage de Guam, i’une des îies des Larrons , où if
prend des renseignemens, renouvelle son eau et
ses rafraîchissemens : il dirige alors sa route sur
le cap Espiritu -Santo dans l’île de Samar, passe
le détroit de Bernardino, et arrive à Manilie en
juin. Ii y a toujours un navire préparé lors de son
retour, pour repartir de suite.
Les galions appartiennent au roi ; iis sont de
douze à quinze cents tonneaux, et armés de cinquante
à soixante pièces de canon ; c’est ie roi
qui nomme les officiers et paie les équipages.
Le capitaine a le titre de général, et porte l’é-
tendart d’Espagne au grand mât; sa place fui vaut
trente mille piastres ; aussi le gouverneur de Manille
ne la donne qu’à ses protégés. Les matelots
ont trois cent cinquante pièces de huit, dont ils
SUR LES ILES P H IL I P P IN E S . / f o p
reçoivent soixante-dix à Manille , et le reste à
Acapulco. Léquipage, avec les passagers, monte
à six cents personnes. Au retour, comme la cargaison
n’est pas d’encombrement, on monte la
batterie basse q u i, dans la première traversée ,
etoit restee à fond de cale, et l’équipage est renforcé
par une ou deux compagnies de soldats.
Il est étonnant que les Espagnols, en débou-
quant le détroit de San-Bernardino, ne portent pas
au nord-est et même plus au nord, au lieu de l’est-
nord-est qu ils suivent ordinairement, et que parvenus
au trentième degré nord, ils continuent leur
route sur ce rumb , au lieu de s’élever jusque par
les trente-six et quarante degrés, où ils trouve-
roient des vents d’ouest plus forts et qui raccour-
ciroient par conséquent le voyage ; mais le capitaine
du galion est forcé de suivre la route qui lui
est prescrite, quoiqu’elle soit moins favorable pour
se rendre promptement dans la .région des pluies ,
si nécessaires à la conservation de son équipage.
Pourra-t-on jamais s’imaginer que des hommes
osent entreprendre une longue course sur mer
sans une provision d’eau suffisante, et dans l’unique
espérance qu’il pleuvra l Cela est cependant
vrai. Les Espagnols mettent toutes les places
ù profit sur le galion ; et, au lieu d’avoir, comme
nous, des barriques pleines d’eau, ils n’emportent
que des jarres qu’ils suspendent aux haubans et