
OBSERVATIONS
quatre degrés .nord : enfin, après s’être dirigé sur le
fort HoIIandois, et être parvenu entre lui et la pagode
, on prend le milieu du chenal en gouvernant
à l’ouest, et on continue ainsi jusqu’au mouillage.
Les navires François qui se rendent à Wampou,
prolongent ordinairement l’île des Danois, ayant
soin de ne pas approcher cependant de trop près
de la pointe septentrionale, pour éviter les rochers
qui la bordent. Une fois par le travers de la
rivière qui est à bâbord , il faut ranger ce côté ,
pour éviter la carcasse d’un navire Danois qui a
été brûlé et qui a coulé dans cet endroit. On peut
mouiller en avant ou après ; mais il faut prendre
garde d’y jeter ses ancres, car on auroit de la peine
à les retirer. La côte le long de l’île de Wampou
est profonde, et un vaisseau peut mouiller très-
près du rivage.
Cette île est aussi nommée île des François,
parce que les François y ont leurs bancassaux ou
magasins à l’usage des navires.
La position de Wampou est très-avantageuse
pour les matelots, qui y jouissent d’un bon air et
s’y rétablissent promptement lorsqu’ils sont malades
: la seule précaution qu’on ait à prendre ,
c’est de les empêcher de boire de l’eau-de-vie
Chinoise et de manger des oranges vertes , car
cela leur occasionne des fièvres qui deviennent
sur-tout dangereuses lors de la coupe des riz. Cette
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conséquence lâcheuse est générale, mais il est plus
facile d’y remédier à Wampou, en engageant le
mandarin qui y demeure à défendre aux Chinois
de rien vendre aux matelots. '
Un grand avantage pour les François d’être établis
sur cette île, c’est d’être isolés et séparés des
autres étrangers, et par conséquent d’être à l’abri
des disputes : en outre, l’elnplacement étant considérable
, il est plus facile de. mettre les magasins
où sont les voiles et les cordages loin des forges,
et par conséquent à l’abri du feu.
L’endroit où sont placés les bancassaux des
étrangers est sur le bord opposé de la rivière , et
le long des rizières qui exhalent une odeur de marécage
fort dangereuse pour les équipages ; mais
cet inconvénient, quoique considérable, n’est pas
le plus grand ; les matelots ne pouvant se promener,
et se trouvant réunis tous ensemble, se
prennent de querelles qui souvent se terminent
par la mort de plusieurs d’entre eux.
On sent d’après cela combien il est essentiel
aux François de conserver la jouissance de l’île de
Wampou , et combien il est nécessaire que nous
envoyions tous les ans des vaisseaux à la Chine,
pour y maintenir nos droits , y faire voir notre pavillon
, et montrer aux Chinois que c’est sans fondement
qu’on a voulu leur persuader que la France
11’existoit plus.