
bois d’ébène, nids d’oiseaux, perles, coquilles de
nacre, rotins.
Lorsqu’un bâtiment est arrivé à Manille, il est
obligé de donner son manifeste dans ies vingt-
quatre heures : il faut que sa déclaration soit
exacte ; car, si l’on descend quelque marchandise
sans l’avoir déclarée, elle est confisquée. On présente
ordinairement la facture au gouverneur et
aux officiers royaux, qui font une marque aux articles
qu’ils desirent, et ce seroit se compromettre
que de les vendre à d’autres. Le gouverneur et
les officiers royaux paient bien ; il seroit k desirer
que ces derniers prissent toute la cargaison , mais
aussi il faut que les effets qu’on leur livre répondent
k la montre, et l’on ne doit pas chercher k
les tromper.
Les effets se déchargent k la douane, et y sont
placés dans des magasins. Le transport est coûteux
, car les porteurs vont doucement. II y a cinq
personnes k la douane pour veiller sur ce qui est
débarqué, et pour percevoir les divers droits. Il
en résulte qu’on ouvre et visite les effets avec lenteur;
en sorte que, s’il arrivoit seulement vingt
vaisseaux k Manille, leur déchargement dureroit
une année. Les marchandises une fois visitées, on
les emporte chez soi. Les droits de douane sont de
huit pour cent sur le prix de la vente présumée ,
qui est fixé k volonté par le chef de la douane ; de
S U R L E S Î L E S P H I L I P P I N E S . 4 l 3
sorte qu’il arrive quelquefois qu’il surpasse celui de
la vente réelle ; mais il n’y a pas de diminution k obtenir
, et les droits sont irrévocablement réglés , k
moins qu’on n’ait k traiter avec un chef de douane
assez complaisant, comme l’étoit celui qui avoit
cette place lors de mon passage k Manille, pour
permettre de déposer les effets k la douane, et de
n’en payer les droits qu’en cas de vente.
Le commerce est difficile et chargé d’entraves.
Les affaires se traitent avec peine et lenteur ; il faut
faire k chaque pas des requêtes sur papier timbré,
pour demander le déchargement ou le chargement,
pour avertir qu’on est chargé ou qu’on veut
mettre k la voile. Le chargement, d’ailleurs , est
toujours lon g , parce que les bateaux du pays ne
s’exposent pas k franchir la barre s’il vente un
peu ; de plus , on ne peut s’en aller quand on le
desire , k cause des fêtes et des processions qui
sont très-fréquentes dans ce pays , et pendant lesquelles
on n’expédie aucune affaire. De espacio,
voua disent ies Espagnols [ne vous presse^ pas] :
trop heureux si l’on peut sortir avant le changement
ffe mousson, et par conséquent avant les
vents contraires.
POSITION AVANTAGEUSE DE MANILLE.
On voit, par ce que j’ai rapporté ci -dessus ,
quelle est l’importance des Philippines. Ces îles ,