3^4 O B S E R V A T I O N S
manière a Favantage d’ôter aux excrémens une
grande partie de leur mauvaise odeur , et d’en,
rendre le transport plus commode. Ces galettes,
dont On voit des barques entièrement remplies,
n’ont pas cependant une odeur de violette , ainsi
qu’il a plu à certains auteurs de le dire, mais elles
sont aisées k manier et faciles à mettre en grosse
poussière, état dans lequel les Chinois les réduisent
pour les répandre sur leurs terres.
Les bestiaux étant peu nombreux k fa Chine, je
n’ai point vu qu’on fasse parquer les animaux ; mais
dans les provinces septentrionales , où les bêtes k
cornes sont en plus grand nombre, les gens de la
campagne emploient du fumier semblable k celui
d’Europe , et le déposent comme nous en petites
buttes sur la terre, pour Fy étendre ensuite : c’est
ainsi qu’en usoient les paysans du Hou-kouang
et d’une partie du Kiang-nan, lorsque nous traversâmes
ces provinces vers la mi-décembre.
Les enfans, dans certains cantons , vont sur les
chemins pour y ramasser la fiente des chevaux ou
des mulets, et prennent beaucoup de soin pour
n’en pas perdre. Outre les engrais dont je viens
de parler, les Chinois emploient la chaux, et les
cendres provenant de la combustion des os d’animaux,
des plantes, des herbes, des bois, et même
ides cheveux et de la barbe. Lorsque ia terre est
légère et sablonneuse, les habitans y mettent de
S U R L E S C H I N O I S . g l f
îa marne , et du sable lorsqu’elle est argileuse.
En passant k Tsin-kiang-fôù dans le Kiang-nan ,
nous vîmes des hommes, occupés à tirer la vase du
fond du canal ; les Chinois l’étendent sur les terrains
, et principalement sur Ceux qui produisent le
çoton , prétendant que cet engrais lui convient.
Au nord de Nan-tchang-fou, où les terrains bas
qui avoisinent le lac Po-yang produisent naturellement
une grande quantité de foinY'W’ 7°)> on en
porte souvent une partie dans les champs, pour-
engraisser la terre.
Combien la mesure de terre usitée dans le pays y
contient-elle de toises ou de pieds carrés !
Les terres se divisent en King, chaque King est
de cent Meou [ou arpens] ; le Meou a deux cent
quarante pas de long sur un pas de largeur : le pas
Chinois a dix pieds , et le pied Chinois est presque,
égal k cehji de Paris.
Un Meou contient donc vingt-quatre mille pieds
carrés , ou six cent soixante-six toises carrées plus
deux tiers , et par conséquent le King contient
deux millions quatre cent mille pieds carrés , ou
soixante-six mille six cent soixante-six toises carrées
plus deux tiers." L’arpent Chinois est d’un quart
plus petit que celui de Paris, en supposant que ce
dernier contienne trente-deux mille quatre cents
pieds carrés.