
et par s a population, mais conservant toujours y
sous ies mêmes rapports, une proportion à-peu-
près exacte , fimagination des lecteurs, souvent
prévenue, se refroidira, et cet exposé véridique
n’aura plus que peu d’attraits pour eux.
La vaste étendue de la Chine présente, sans
doute, un aspect imposant ; mais, si l’on ne s’en
tient point à un examen superficiel, on s’aperçoit
facilement que ce n’est qu’un colosse dont tous les
membres forment un ensemble énorme,,et dont
chaque partie , prise séparément , renferme de
grands défauts.
C ’est après avoir consulté plusieurs Chinois ,
c’est après avoir vu et examiné moi-même, que j’ai
cru pouvoir diâerer de sentiment avec M. Barrow,
et ne pas accorder comme lui dix-huit cent mille
soldats à la Chine. Les Angiois , en voyant un
grand nombre de soldats, ont dû croire que ces
troupes appartenoient aux lieux où elles se trou-
voient ; mais ils se sont trompés : elles venôient
d’ailleurs, et n’étoient placées sur la route que pour
en imposer à l’ambassade. Quant aux états remis
à A'L Macartney , ils étoient exagérés par les mandarins
, qui n’ont cherché en cela qu’à lui donner
une haute idée de leur puissance. Ce n’est donc
pas M. Barrow que je réfute ; cet auteur a montré
trop de connoissances dans les divers Voyages
qu’il a publiés, pour que je me persuade que c’est
ion opinion qu’il nous donne ; mais il a fidèlement
publié la note Chinoise, et c’est cette note dont
je me propose de faire voir l’exagération. Nous
avons été à Peking une année après M. Barrow «
nous devions donc retrouver à-peu-près le même
nombre de soldats répandu dans l’empire , si le
compte donné aux Angiois avoit été exact ; mais ce
que nous avons vu n’a servi qu’à nous prouver le
contraire.
Nous ne rencontrâmes jamais sur les routes
aucun corps de troupes, soit d’infanterie, soit de
cavalerie. Nous trouvâmes seulement une quarantaine
de soldats à l’entrée des villes du troisième
ordre, deux cents et plus dans celles du second,
et mille ou deux mille dans celles du premier rang.
A Peking même, nous ne vîmes que deux misérables
corps-de-garde à la porte du palais, quelques
gardes de l’empereur dans les jardins de Yuen-
ming-yuen , et un petit nombre de soldats le jour
de notre dernière audience. Une foule assez considérable
entouroit, il est vrai, Kien-Iong, lorsque
nous lui fûmes présentés la première fois ; mais
cette foule, de quoi étoit-elle composée î de mandarins
, d’officiers de la cour, et d’une grande
quantité de coulis, de valets et de cuisiniers du
palais.
Si la Chine avoit ce nombre immense de troupes
qu on lui suppose , nous en aurions rencontré
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