
des mousselines , des toiles et des mouchoirs, soit
pour les navires d’Europe, soit pour les charge-
mens d’AcapuIco. Le commerce fait de cette manière
deviendroit animé et profitable à la colonie.
Mais pour en tirer un grand avantage , il est nécessaire
de mettre la colonie sur un pied respectable
de défense, en y entretenant dès troupes Européennes
; il faut fortifier l’entrée de la baie et
l’île du Corrégidor , et avoir quelques frégates
pour croiser sur les côtes et empêcher les Maures
de venir faire des excursions sur le territoire Espagnol
; il faut diminuer et simplifier les droits de
douane, et rendre les opérations commerciales plus
expéditives. C’est se tromper que de calculer seulement
sur les droits d’entrée ; les étrangers , en
vendant leurs marchandises, en augmentent indubitablement
le prix à proportion de ce qu’ils ont à
débourser ; c’est donc l’acheteur qui finit toujours
par payer les droits, et c’est autant d’argent qui
sort du pays : d’ailleurs , plus les droits sont onéreux
, plus on tâche de les éluder; alors c’est l’Etat
qui perd.
Il faut exiger peu des indigènes et des étrangers,
et procurer à ceux-ci et aux Espagnols des facilités
pour vendre et pour acheter. Ces entraves une fois
levées, le commerce centuplera, les droits augmenteront
à proportion, et fourniront aux dépenses
de la colonie ; enfin, le roi retirera de
l’argent
SÜR LES ÎL E S P H IL I P P IN E S . { î j
l’argent de ces mêmes îles o'it il est obligé d’en
envoyer maintenant tous les ans.
Quant à l’intérieur, il -est nécessaire que le
gouvernement ne nomme pour; alcades dans-les
provihces que des hommes probes ; il faut qu’il établisse
un conseil composé de négocians , pour inspecter
le commerce, présenter des projets utiles ,
les faire exécuter, et yeilleren même temps à l’agriculture
; il faut qu’il ranime les Indiens , en égalisant
le tribut, et en les engageant par-là à se
marier ; il faut qu’il les fasse sortir de leur paresse
ordinaire , en leur, offrant un débouché avantageux
pour leurs productions ; il faut qu’il les encourage
à s’adonner à l’agriculture , aux. arts et aux: ouvrages
d’orfévrerié et de forge : mais , pour cela,
il est absolument important de diminuer le nombre
des Chinois domiciliés. On peut en tolérer une certaine
quantité; il seroit peut-être utile aussi d’appeler
les étrangers , auxquels il conviendrait de
donner des facilités pour ^’établir.; mais , dans
ces deux cas, il faut agir avec beaucoup de prudence,:
un trop grand nombre deviendroit dangereux,
et 1 on doit éviter que ces nouveaux venus
ne soient assez nombreux pour s’associer entre
eux ou avec les Indiens , à l’effet de chasser ceux
qui les auroient accueillis avec bienveillance. C’est
par de tels moyens qu’on parviendra à ranimer les
Indiens, et à faire sortir les Espagnols de l’espèce
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