
souffrir de cette concurrence qu’une compagnie
qui assortit ses marchandises d’envoi , combine
celles de retour, et par conséquent se procure
des bénéfices assurés et plus grands.
Un inconvénient du commerce particulier, c’est
q u e , si un négociant réussit dans le débit d’une
marchandise, tous les autres en portent à. l’envi,
et par conséquent en font tomber nécessairement
le prix ; c’est ce dont j’ai été plusieurs fois le
témoin. O r , comme dans ces circonstances le
premier soin est d’éviter la perte , chacun d’eux
cherche à se tirer d’embarras à tout prix , et la
plupart saisissent le seul moyen qui leur reste ,’
celui de se lier d’intérêt avecj les Anglois\ et de
rapporter en France des marchandises provenant
du commerce Anglois, qu’ils vendent comme cargaison
Françoise. Le négociant s’enrichit par ces
spéculations, mais il appauvrit l’État, en faisant
sortir le numéraire qu’il est nécessaire d’y conserver.
C ’est cependant ce qui est arrivé, et ce qui
arrivera , si le commerce de l’Inde est libre : l’expérience
l’a démontré (a).
Un second inconvénient' et qui est la conséquence
du premier, c’est que les particuliers, après
avoir paru en grand nombre dans un pays , n’y reviennent
plus s’ils y ont éprouvé quelques pertes ;
(a) État du commerce de 1769 à 1783.
SUR LES CHINOIS. 22$
Ct l’inégalité de ces opérations détruit entièrement
le crédit national.
Il résulte donc qu’il faut nécessairement établir
des compagnies , si l’on veut faire avec avantage
1e commerce de l’Inde et de la Chine : en effet,
une compagnie jouit de tous les avantages qui
peuvent assurer le succès de ses opérations; elle
entretient, dans ses diffèrens comptoirs , des facteurs
qui savent les langues du pays , et qui con-
noissent la situation des affaires ; elle ne livre son
argent qu’avec sûreté, n’achète ses marchandises
de retour qu’à une époque favorable, et par conséquent
peut les donner en Europe à meilleur
marché que les particuliers. C’est une erreur de
croire qu’une compagnie vend plus chef parce
qu’elje n’a pas de concurrens : elle est obligée de
suivre le taux des compagnies étrangères , et de
régler ses prix sur les leurs.
Utilité du Commerce de l ’Inde et de la Chine.
En considérant les produits de l’Inde et de la
Chine , on se persuade facilement que la France
doit se livrer au commerce de ces deux contrées ,
comme lui étant utile et absolument nécessaire ;
utile, en ce qu’il forme des marins , entretient
la construction et l’armement des navires , et vivifie
nos ports ; nécessaire, en ce que l’Asie fournissant
beaucoup de marchandises dont nous ne