
l’objet volé, soit pour barrer le chemin à ceux qui
veulent les poursuivre ; il est d’ailleurs difficile de
fes saisir , car du moment où l’on met la main sur
leur habit, ils ouvrent les bras, abandonnent leur
veste et s’échappent avec-rapidité.
Un filou Chinois a soin de ne se mettre jamais
du côté où il veut Voler aussi les étrangers qui
arrivent «nouvellement d’Europe sOnt-ils toujours
surpris- de ne trouver personne en regardant du
cpté où ils se sont sentis toucher ; le voleur se tient
du côté opposé ; il a l’air occupé de toute autre
chose, et contrefait l’étonné lorsque l’étranger se
retourne pour le regarder. Daiis le cas cependant
où , reconnoissant le filou , on se décide à courir
après lu i, et où l’on parvient à s’en saisir * le plus
prudent est de le laisser aller tranquillement, après
lui avoir repris ce qu’il avoit volé 5 car les suites des
voies de fait sont dangereuses à la Chine > et l’on
doit éviter avec soin les explications avec des juges
ou des mandarins qui ne veulent pas ëiitendrè
le plaignant, ou qui , persuadés de leur haute
sagesse, regardent comme des barbares tous les
hommes qui ne sont pas gouvernés par les mêmes
lois qu’eux.
Ce que je viens de dire des voleurs Chinois ne
montre que leur adresse pour dérober légèrement
un mouchoir ou quelque autre effet de peu d’importance
; mais voici quelques exemples des moyens.
qu’ils emploient lorsque l’adresse ne suffit pas.
Des voleurs voyant un Européen monter les
marches d’un petit pont qui est dans le faubourg
de Quanton, et s’apercevant qu’il âvoit de l’argent
sur lui, l’un d’eux le saisit fortement par les bras
tandis que les autres fouillèrent dans ses poches!
La chose fut exécutée si lestement, que lés voleurs
étoient déjà, bien loin avant que l’étrangër et ceux
qui 1 accompagnoient fussent fevenus de leur surprise
et eussent songé à se mettre en défense : cependant
le vol fut fait en plein joui-, et celui qui
fut volé étoit en état à lui seul de terrasser cinq
ou six Chinois ; il est vrai qu’il aima mieux rire de
l’événement que de courir après les fîloüx.
Un autre moyen que les vôleUrs mettent en
usage pour entrer dans les maisons, c’est d’y faire
un trou par lequel ils s’introduisent, en prenant la
précaution de mettre une petite chandelle (à) dans
l’ouverture, pour retrouver leur chemin lorsqu’il
faut sortir. Un gros papier qui conserve le feu
et qui s’allume en soufflant dessus, les dirige dans
les chambres et leur fait apercevoir les differens
objets qui sont bons à prendre. Une personne de
ma connaissance, entendant du bruit chez elle pendant
la nuit, présuma qu’il étoit causé par des
7V Ces chandelles sont faites avec de la ¿dure de bois, et
brûlent .sans jeter de lumière.