
l’empereur lui fit enjoindre de quitter la capi-
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taie au jour indiqué. Quels que fussent les motifs
d’un renvoi si subit et si imprévu , « la bienséance
exigeoit , dit Anderson , que l’on donnât aux
>3 Anglois le temps nécessaire pour se préparer au
¡»départ; mais, continue cet auteur (a ) , nous
33 entrâmes k Peking comme des mendians, nous
y séjournâmes comme des prisonniers, et nous
33 - en sortîmes comme des voleurs. Les portraits du
» roi et de la reine furent mis entre de misérables
33 planches , le dais fut arraché du mur et donné
»aux domestiques, les Chinois volèrent du vin
33 et d’autres effets, enfin toutes les attentions
» disparurent. »>
Les Anglois , dans leur retour, ne purent sortir
de leurs bateaux ; les mandarins les firent s’arrêter/
à l’approche des villes , ou les leur firent passer
pendant la nuit ; et si le Tsong-tou de Quanton
accompagna l’ambassadeur durant le voyage, ce
fut plutQt pour le surveiller que pour lui faire
honneur.
M. Macartney fut de retour k Quanton le i p décembre
; il y fut reçu avec une grande pompe,
et logea de l’autre côté de la rivière dans une maison
préparée exprès pour lui.
«c Le vice-roi , dit M. Huttner ( b ) , rendit k
Tii) Anderson, II.' partie, page 26.
(b) Macartney, tome V , page 201.
» fambassade Angloise plus d’honneUrs que ne le
» desiroient les orgueilleux mandarins de Quanton
« et les nations rivales qui faisoient le commerce
33 dans cette ville. » M. Huttner se trompe beau-
coup, ces nations prétendues rivales virent avec
plaisir les Chinois accueillir un ambassadeur Européen
, et ne furent point jalouses d’ün traitement
qui n’étoit d’ailleurs qu’une affaire de convenance.
Mais, si M. Huttner est si transporté de la réception
faite aux Anglois, comment a-t-il pu dire que
« les Chinois les regardent comme les plus féroces
33 d’entre les barbares l honneur, ajoute-t-il, qu’ils
33 doivent au caractère de leurs matelots, qui ne
35 sont pas les plus doux des hommes (a), et dont
35 la conduite, dit M. Macartney, les fait regarder
33 comme les derniers des Européens (b). 33
Ce portrait est outré, et l’on auroittort de confondre
ensemble tous les Anglois, et de juger de
leur caractère en générai par celui de leurs matelots,
qui prennent souvent la licence pour la liberté.
Ce n’est certainement pas k la mauvaise
impression qu’a faite sur l’esprit des mandarins la
conduite irrégulière des matelots Anglois , c’est
encore moins k la haine des Chinois pour la révolution
françoise et au voisinage de l’Angleterre avec
(a) Macartney, tome V , page ztt,
(b) Ibid., tome II, page 297,